Thomas Lubanga et Yves Kawa collaborent avec la coalition AFC-M23, selon un rapport de l’ONU

Deux anciens seigneurs de guerre de l’Ituri, déjà visés par des sanctions de l'ONU, Thomas Lubanga et Yves Kawa Panga Mandro ont joué un rôle clé dans le renforcement de la collaboration entre la coalition AFC-M23 et des milices de l’Ituri comme le groupe Zaïre/ADCVI, rapporte le Groupe d’experts des Nations Unies pour la la République démocratique du Congo (RDC).

Dans un rapport transmis fin 2024 au Conseil de sécurité, les experts indiquent que ces deux leaders locaux de l’Ituri « agissant en tant qu’« autorités morales » du groupe Zaïre/ADCVI, ont facilité le recrutement et la formation et organisé le déplacement des combattants du groupe à Tchanzu, pour l’entraînement, et le redéploiement en Ituri ».

D’après les enquêtes des experts onusiens, cette mobilisation et collaboration à grande échelle avec la coalition AFC-M23 a démarré entre juin et juillet 2024 et s’est accélérée depuis août de la même année, des réunions fréquentes ayant eu lieu dans divers endroits en Ouganda.

Mais le Gouvernement ougandais a affirmé ne pas être au courant de leur présence sur son sol.

A travers ce rapport, le Groupe d’experts recommande au gouvernement ougandais de surveiller les personnes visées par des sanctions qui se trouvent en Ouganda et rendre compte au Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo ou au Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo.

Thomas Lubanga et Yves Kawa, deux repris de justice

Thomas Lubanga, président du parti politique UPC, est un ancien détenu à la Cour pénale internationale avait été condamné par elle pour des crimes de guerre, de conscription et d’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans sa milice. Il a été ensuite libéré le 15 mars 2020 après avoir purgé 14 ans d’emprisonnement.

En juillet 2024, il a été convoqué par l' Auditorat militaire supérieur près la Cour militaire de l’Ituri pour vérification des infractions liées à la sécurité de l’Etat mises à sa charge. C’est à la suite d’une plainte déposée par l’armée à l’Auditorat militaire supérieur de l’Ituri.

Quant à Yves Kawa Panga Mandro, la cour militaire de la Province Orientale l'avait condamné le 13 août 2014 à Kisangani, à 9 ans de servitude pénale principale.

L’ancien chef milicien de l’Ituri, a été reconnu coupable notamment de coups et blessures volontaires, assassinat, participation à un mouvement insurrectionnel, détention d’armes de guerre, crime contre l’humanité et crime de guerre.

Pour les mêmes faits, Yves Kawa avait été condamné au premier degré, en 2006, à 20 ans de prison par le tribunal militaire garnison de l’Ituri.

Après avoir purgé sa peine, il a regagné l’Ituri après quelques temps passés en Ouganda. 

Avant son adhésion au MLC le 17 mai dernier, il dirigeait la chefferie de Bahema Banywagi, une entité coutumière dont il est le dépositaire du pouvoir ancestral. 

En juin, Yves Kawa avait officiellement remis au gouverneur de la province de l’Ituri sa lettre de mise en disponibilité durant 7 ans de l’exercice du pouvoir coutumier de Bahema Banywagi pour embrasser la carrière politique.