Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, mercredi 28 novembre, une résolution prolongeant jusqu’en 2014 l’interdiction de la vente et de la livraison d’armes aux groupes armés actifs en République démocratique du Congo notamment le Mouvement du 23 mars (M23), les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et les Maï-Maï. Pour Ileka Atoki, ambassadeur de la RDC en France et envoyé spécial congolais au Conseil de sécurité, ces mesures permettront de créer les conditions rapides d’un retour à la paix sur le sol congolais.
Selon lui, ces sanctions permettront également d’empêcher « l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la RDC sur fond de rébellion soutenue par des puissances extérieures ».
La résolution proposée par la France exige au M23 et à d’autres groupes armés, y compris les FDLR, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), les milices Maï-Maï, les Forces nationales de libération (FNL) et l’Alliance des forces démocratiques (FDA) de mettre immédiatement fin à toutes formes de violence et autres activités déstabilisatrices. Ces groupes sont appelés à liberer immédiatement tous les enfants soldats dans leurs rangs.
Elle interdit également tout soutien à ces groupes et décide de reconduire les sanctions financières et les restrictions de déplacement contre les responsables politiques et militaires des groupes armés étrangers opérant en RDC, décidées par la résolution 1807 de 2008.
Le 13 novembre dernier, les Etats-Unis et l’Onu ont annoncé des sanctions contre Sultani Makenga, chef des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), accusé d’être à l’origine des violations des droits de l’homme et de violer l’embargo sur les armes en RDC. il s’agit notamment du gel de ses avoirs aux Etats-Unis.
Au sujet de la rébellion du M23 qui sévit actuellement dans l’Est de la RDC, Ileka Atoki a déclaré que «le soutien démontré du Rwanda au M23 est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies menée contre les principes de la coexistence pacifique ». Mais il a indiqué que son pays est ouvert au dialogue avec le Rwanda. Il a demandé aux Nations unies de faciliter ce dialogue.
Un rapport des experts de l’Onu accuse le Rwanda et l’Ouganda d’apporter un soutien militaire, logistique et humain aux rebelles du M23 qui contrôlent plusieurs localités et villes du Nord-Kivu dont Goma, la capitale régionale.
« Le gouvernement du Rwanda continue de violer l’embargo sur les armes en apportant un soutien militaire direct aux rebelles du M23, en facilitant leur recrutement, en encourageant et facilitant les désertions au sein des FARDC [armée congolaise, NDLR], ainsi qu’en fournissant des armes, des munitions, des renseignements et des conseils politiques », indique ce rapport.
Réaction du Rwanda
Pour sa part, le premier conseiller à la mission onusienne du Rwanda, Olivier Nduhungirehe, nie toute implication de son pays dans le conflit dans l’Est de la RDC.
« Permettez-moi de redire ici haut et fort que le Rwanda n’est ni la cause de cette crise dans l’Est de la RDC ni partie à ce conflit », a-t-il déclaré.
Selon lui, la RDC et le Rwanda sont «des frères de sang et l’on va continuer à aplanir nos différends et assurer une paix durable dans la région ».
« Outre notre engagement indéfectible au sein du processus régional, je voudrais vous informer que les présidents Kabila et Kagame sont en contact très régulier sur cette question et que les relations sont restées cordiales », a révélé Olivier Nduhungirehe.
Il a ajouté que le Rwanda appuie les efforts déployés par le secrétaire général de l’Onu et toute initiative qu’il mettra en place «pour un dialogue entre Congolais s’attaquant aux causes profondes des conflits incessants qui déchirent ce pays».
Le représentant rwandais dit attendre « avec intérêt » l’entrée effective au Conseil. « Nous nous tenons naturellement disposés à travailler avec toutes les bonnes volontés au sein du conseil pour résoudre la crise en RDC ainsi que bien d’autres dont souffre ce monde », a-t-il affirmé.
Le Rwanda a été élu en octobre dernier membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. Cette élection a été contestée par certaines organisations dont Human Right Watch à cause de cette implication supposée du Rwanda dans la crise dans l’Est de la RDC.
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