L’ONG internationale de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HWR) accuse les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) d’avoir tué, depuis le mois de juin dernier, au moins quinze civils et violé quarante six femmes et jeunes filles, dont des mineures de huit ans dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Cette structure a porté ces accusations dans son rapport publié mardi 11 septembre à Goma (Nord-Kivu).
Human Rights Watch a basé ses affirmations sur des entretiens que ses experts ont menés de mai à septembre, avec cent quatre vingt dix personnes parmi lesquelles des victimes congolaises et rwandaises, des membres des familles de victimes, des témoins, des autorités locales, ainsi que des rebelles et anciens rebelles du M23.
Des témoins ont affirmé à Human Rights Watch qu’au moins trente trois nouvelles recrues et d’autres combattants du M23 avaient été sommairement exécutés alors qu’ils essayaient de s’enfuir. Certains avaient été ligotés et abattus devant les autres recrues à titre d’avertissement.
L’une des jeunes recrues a déclaré à Human Rights Watch: « Quand nous étions avec le M23, ils nous ont dit [que nous avions le choix] entre rester avec eux ou mourir. Beaucoup ont tenté de s’enfuir. Certains ont été retrouvés et pour eux, cela a été la mort immédiate».
La chercheuse de Human Rights Watch, Ida Sawyer, a dénoncé ces crimes dans un entretien téléphonique à Radio Okapi :
«Les rebelles du M23 sont responsables de crimes de guerre commis à grande échelle en complicité avec certaines autorités rwandaises en raison de l’appui militaire continu qu’elles apportent aux forces de M23. Au moins six cent personnes étaient recrutées par force ou par ruse au Rwanda pour joindre le M23 et les recrutements ont continué jusqu’au mois d’août. Il y a aussi des officiers rwandais qui sont au Congo avec le M23 en train de former des nouvelles recrues dans les centres d’entrainement ».
Le 4 juin dernier, Human Rights Watch avait indiqué qu’entre deux cents et trois cents Rwandais avaient été recrutés au Rwanda en avril et mai et emmenés de l’autre côté de la frontière en RDC pour combattre aux côtés du M23. Depuis lors, Human Rights Watch dit avoir recueilli de nouveaux éléments de preuve de recrutements forcés au Rwanda en juin, juillet, et août, concernant plusieurs centaines de personnes.
Des Congolais et des Rwandais vivant à proximité de la frontière, y compris des autorités locales, ont affirmé à Human Rights Watch qu’ils avaient observé de fréquents mouvements de troupes rwandaises vers et en provenance de RD Congo en juin, juillet, et août, « apparemment pour prêter main forte aux rebelles du M23 ».
Ils ont précisé que les militaires de l’armée rwandaise utilisaient régulièrement un sentier proche de la colline de Njerima au Rwanda, non loin du volcan Karisimbi, pour franchir la frontière congolaise.
Le rapport de HRW indique qu’en plus du déploiement de renforts et de recrues pour appuyer des opérations militaires, des autorités militaires rwandaises ont fourni une importante assistance aux rebelles du M23 sous forme d’armes, de munitions et de formation. Ces actions font du Rwanda un État partie au conflit dans l’Est de la RDC, indique HRW dans son rapport.
Un Groupe d’experts de l’ONU chargé de superviser l’application de l’embargo sur les armes et de surveiller les violations des sanctions en RD Congo avait présenté de manière des éléments de preuve d’un soutien rwandais aux rebelles du M23. Ses constatations ont été publiées dans une annexe de 48 pages au rapport intérimaire du Groupe d’experts en juin dernier.
C’est ce qui avait poussé les gouvernements de cinq pays bailleurs de fonds -les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, et la Suède- à suspendre en juillet et en août, le versement de leur assistance financière au Rwanda.
De leur côté, les responsables du M23 nient ces allégations et invitent Human Rights Watch à se rendre sur terrain pour mener ses enquêtes. Selon son porte-parole militaire, Colonel Vianney Kazarama, il s’agit de graves accusations non fondées.
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