Rébellion du M23: l’opposition exige la mise en accusation de Joseph Kabila pour « haute trahison »

Joseph Kabila lors de son discours d’investiture le 20/12/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ John Bompengo

Un groupe de partis de l’opposition politique congolaise demande au Parlement de déclencher le mécanisme de mise en accusation du président Joseph Kabila pour « haute trahison ». Faisant allusion à la rébellion du M23 créée au Nord-Kivu depuis le mois de mai dernier, ces partis considèrent que «la complicité du pouvoir en place avec les agresseurs [de la RDC] est totalement est établie».

«La guerre qui se passe à l’Est a comme élément déclencheur le fameux accord signé entre le gouvernement de la République et le CNDP [l’ex-rébellion du Congrès national de défense du peuple]. Et nous pensons que la mauvaise application de cet accord nous crée des problèmes. Il y a eu dans [le cadre de] cet accord, d’une manière délibérée et cachée par les institutions, le déploiement sur le territoire national des troupes rwandaises chargées officiellement de traquer les FDLR et les autres forces négatives», a déclaré le député honoraire Lisanga Bonganga porte-parole du groupe d’opposants qui demandent cette mise en accusation.

Le gouvernement congolais a signé en mars 2009 un accord de paix avec le CNDP. Le texte prévoyait notamment l’intégration des rebelles dans l’armée, l’attribution aux cadres civils du CNDP des fonctions au sein des institutions politiques. La même année, la RDC et le Rwanda ont mené des opérations militaires conjointes contre les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une rébellion rwandaise basée dans l’est de la république démocratique du Congo. La rébellion du M23 lancée depuis mai dernier est conduite par des d’officiers radiés de l’armée issus du CNDP. La rébellion du M23 est soutenue par le Rwanda, selon le gouvernement congolais, les ONG et l’ONU.

Vendredi dernier, les forces spéciales rwandaises déployées à Rutshuru, dans le Nord-Kivu depuis plus de deux ans, ont commencé à se retirer de ce territoire occupé en grande partie par les rebelles du M23. Les forces rwandaises étaient officiellement déployées pour traquer les FDLR.

Les opposants disent avoir suivi avec attention le ministre de la Défense du Rwanda, James Kabarebe, qui a annoncé le retrait des militaires rwandais de la RDC. «Nous ne sommes pas naïfs» a déclaré Lisanga Bonganga, avant de dénonçer «la complicité au haut niveau» de l’Etat congolais.

Dans la déclaration politique qu’ils ont faite lundi à Kinshasa, les leaders des partis de l’opposition ont affirmé que « toute approche militaire, diplomatique et politique sur la seule initiative du régime en place ne peur aboutir » à la cessation des hostilités au Nord-Kivu. Ils ont prôné un dialogue national, réunissant toutes les forces politiques et sociales afin de « débattre de la situation d’instabilité dans l’Est du pays ».

L’opposition rejette, par ailleurs l’idée de déploiement d’une force neutre le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC pour combattre les groupes armés, estimant qu’elle est de nature à concrétiser la balkanisation de la RDC.

Le principe de la force internationale neutre a été levé, mi-juillet, au cours d’un sommet de chefs d’Etats de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs tenu en marge du sommet de l’Union africaine.

De son côté, la Majorité présidentielle estime qu’une initiative de mise en accusation du président Kabila pour « haute trahison » relève des « calculs de mauvais goût de la part de l’opposition qui cherche à refaire son unité, au détriment de la cohésion nationale ».

«S’il y a quelqu’un qu’il faudrait accuser de haute trahison, ça ne sera surtout pas le président Joseph Kabila qui se bat pour la sécurité du pays, pour bouter dehors les ennemis de notre pays. Je pense qu’il ne convient de participer à l’œuvre de démoralisation de l’opinion nationale initiée par le ministre rwandais de la Défense», a déclaré André-Alain Atundu Liongo,  cadre de la Majorité présidentielle et président de la Convention pour la démocratie et la république (CDR).

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