Revue de presse du vendredi 18 novembre 2016
La nomination du nouveau Premier ministre fait les gros titres de la presse ce vendredi. Le chef de l’Etat a nommé la veille Samy Badibanga pour succéder à Matata Ponyo.
Pour beaucoup de journaux, cette désignation est une surprise.
Depuis la signature de l’accord politique, écrit Le Phare, Vital Kamerhe était cité comme le super favori pour occuper la Primature, dans un paquet composé de Léon Kengo, Azarias Ruberwa et Mokonda Bonza.
A la surprise générale, c’est sur Samy Badibanga Ntita que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, a jeté son dévolu, commente le confrère.
Pour le quotidien, le président du groupe parlementaire UDPS et Alliés, est « le joker qu’on n’attendait pas à la tête du gouvernement ».
Forum des As parle de « la surprise du chef ».
D’ailleurs le journal fait savoir que Joseph Kabila a habitué son monde à ce genre de surprise.
Chaque fois que l’on imagine le repas qu’il va servir, il balance la surprise du chef. Samy Badibanga Ntita en est une énième illustration, écrit le confrère qui republie un édito datant d’octobre 2016 dans lequel on peut lire :
« C’est archi connu. En matière de nominations, les voies du Raïs sont insondables. Que de pronostics déjoués ! Que de bookmakers renvoyés à leurs études ! En ce moment où la ville et le pays attendent de connaître le nom du Premier ministre de la énième transition, les yeux sont à nouveau tournés vers Joseph Kabila. »
Ce texte a été écrit alors que le dialogue venait de se terminer et les spéculations allaient bon train sur le nom du futur Premier ministre.
« Surprise ! », lance aussi L’Avenir.
Plus d’un ne le voyaient pas par cette brèche. Si c’est dans l’UDPS qu’il fallait puiser, d’aucuns pronostiquaient autour de Félix Tshisekedi, ou encore Rémy Massamba, actuellement 2eVice-Président de l’Assemblée nationale. Le troisième nom cité alors était celui de Bruno Tshibala, aux arrêts, et dont l’histoire allait se rédiger dans le sens de la sortie de prison à la Primature, écrit le journal.
Au moment où d’autres voyaient venir Kamerhe, analyse le quotidien, des langues se sont déchainées pour stigmatiser le fait qu’il soit encore de l’Est comme son prédécesseur Matata et comme le Chef de l’Etat Kabila. Qui pis est, une certaine presse affirmait qu’avec Vital à la tête du Gouvernement, c’est Kabila qui perdrait sur toute la ligne, écrit le journal.
Les journaux s’interrogent sur ce choix du président Kabila. L’accord politique signé à l’issue du dialogue stipule clairement que le Premier ministre doit être issu de l’opposition. Mais pourquoi Samy Badibanga ?
Chacun y va de son explication.
Pour L’Avenir, le « facteur géopolitique » a joué en faveur de Badibanga.
Cette nomination a évité le clivage tant décrié. Voir le pouvoir « confisqué » à l’Est a été stressant comme sujet dans plusieurs salons huppés. Il fallait dans cette nouvelle dynamique changer en quelque sorte le fusil d’épaule, écrit le journal.
Le Potentiel a une tout autre explication.
Pour le journal, cette nomination s’explique surtout par la volonté de déstabiliser l’opposition notamment celle conduite par Etienne Tshisekedi et qui a boycotté le dialogue.
Le quotidien rappelle que Samy Badibanga est un proche d’Etienne Tshisekedi. Le Potentiel parle même d’une « trahison à la Brutus ».
« Une trahison » qui en rappelle une autre. C’était il y a 23 ans, note le quotidien.
Un autre cadre de l’UDPS, Faustin Birindwa, avait joué le même jeu à Etienne Tshisekedi.
Birindwa avait été nommé Premier ministre par le président Mobutu à l’issue d’un conclave qui avait débouché sur la composition d’un gouvernement de large union nationale.
« 23 ans après, l’histoire se répète ligne par ligne », commente Le Potentiel qui promet à Badibanga la même infortune que celle de Birundwa.
Ce dernier a eu du mal à s’affirmer comme Premier ministre, « Mobutu ayant tout verrouillé ». En 2016, Samy Badibanga va sûrement se buter à la même difficulté, conclut Le Potentiel.