Le Mouvement du 23 mars ne cherche pas à s’attirer la sympathie des Congolais en réclamant des négociations avec le gouvernement incluant l’opposition, la société civile et la diaspora congolaise, a déclaré, mardi 27 novembre, le chef politique de cette rébellion, pasteur Runiga Lugerero. Il prétend ne plus vouloir ”des négociations en secret avec le président Kabila”.
«D’abord, je tiens à vous dire qu’aujourd’hui, si nous voulons que l’opposition, la société civile et la diaspora congolaise soient sur la table [de négociation], c’est parce que nous sommes fatigués de faire des négociations en secret avec Kabila. Il ne respecte jamais ses engagements », a-t-il expliqué.
Après la prise de Goma le mardi 20 novembre, le M23 a élargi ses revendications à des questions de démocratie et des droits de l’homme. La rébellion exige notamment l’arrestation du général John Numbi-accusé par certaines ONG d’être le principal responsable de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya-, la libération «sans condition» des prisonniers politiques, la dissolution de la Ceni et la levée de la privation de mouvement à Etienne Tshisekedi.
Toutes ces exigences, affirme Jean-Marie Runiga, ne sont pas évoquées dans le simple but de s’attirer la sympathie de la population mais plutôt pour «sortir le pays de la crise de l’Est».
«Que tous les Congolais se mettent autour d’une table dans un format réduit. Qu’on examine toutes les questions pour savoir la vérité. Qu’on examine ces questions de fond et qu’on dise ce qui se passe au pays», a proposé le coordonnateur du M23.
Au cours d’une conférence de presse mardi 27 novembre à Lubumbashi, le président du parti politique Patriotes Kabilistes, Mwenze Kongolo, a également appelé le gouvernement congolais ainsi que toutes les forces vives du pays «à se mettre autour d’une table avec les rebelles du M23 pour négocier».
Pour lui, les négociations sont, pour l’heure, «l’unique issue pouvant amener la paix dans la partie Est du pays », en proie à l’insécurité.
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De son côté, Me Jean Mbuyu, cadre du PPRD, le parti présidentiel, qualifie les nouvelles revendications du M23 d’amalgame.
«Ils sont partis de la révisitation des accords signés entre le gouvernement et le CNDP le 23 mars 2009. Il a été convenu à Kampala que c’est cet accord qu’il fallait revisiter. Il n’est donc pas question en cours de chemin, de revenir sur ce qui a été convenu en présence de l’Union africaine et certains membres des Nations unies», a-t-il dit.
A la création du M23, ses dirigeants affirmaient revendiquer l’application des accords du 23 mars 2009 entre le gouvernement et l’ancienne rébellion du CNDP dont ils sont issus. Ces accords prévoyaient notamment l’intégration dans l’armée et la police, avec leurs grades, des chefs militaires rebelles.
Réunis à Kampala le samedi 24 novembre dernier après l’occupation de plusieurs localités et de la ville de Goma par le M23, les chefs d’Etat des Grands lacs ont demandé au gouvernement congolais d’écouter et d’évaluer cette revendication.
Ils ont également exigé à ces rebelles de se retirer de la ville à une distance de 20 km.
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