Le message du président de la CENI Corneille Naanga à la plénière du dialogue du samedi dernier, estimant à 504 jours après l’enrôlement des électeurs, le temps nécessaire pour organiser la présidentielle, est l’un des sujets commentés par journaux parus lundi 3 octobre à Kinshasa.
Lors de son exposé à la plénière du dialogue national le week-end dernier, Corneille Naanga, a sollicité 504 jours après l’enrôlement des électeurs pour tenir la présidentielle, rapporte Le Potentiel. Une requête qui selon le quotidien, rime avec la partition que joue la CENI, celle d’élaborer un calendrier élastiquepour permettre au président Kabila de rester au pouvoir au-delà de la fin de son mandat, en dirigeant une période de transition au cours de laquelle « tout peut arriver ».
Pour s’en convaincre, le journal rappelle que, dans le même contexte, la même CENI (CEI à l’époque) en 2006 et 2011, n’avait eu besoin que du tiers de ce délai (soit 5 mois) après la révision du fichier électoral, pour organiser la présidentielle.
De l’analyse du quotidien, à l’époque, il fallait rapidement légitimer le pouvoir du président Joseph Kabila. Et faire preuve de la même diligence aujourd’hui reviendrait à accélérer la fin du président Kabila, croit savoir le journal, estimant qu’avec sa requête, la CENI offre ainsi à la MP ce qu’elle avait toujours recherché : ouvrir la voie à des mandats infinis à l’autorité morale de la MP.
Le Phare qui commente cette actualité, estime en manchette que la requête de la CENI «aggrave la crise politique». D’après les estimations de la CENI, il faudra 16 mois pour la refonte totale du fichier électoral et 504 jours (environ 16 mois de plus) pour les autres opérations préélectorales.
En soutenant l’ajournement des élections présidentielles, législatives nationales et provinciales le plus loin possible dans le temps, pensent-ils avoir trouvé la thérapie requise à la crise politique, s’interroge le quotidien qui rappelle que le souverain primaire a déjà refusé de cautionner le glissement avec les manifestations des 19, 20 et 21 janvier 2015, puis celles des 19 et 20 septembre 2016.
Dans cette perspective, le tabloïd craint des lendemains sombres pour le pays et souligne dans ses colonnes l’impératif de la tenue d’un dialogue inclusif pour éviter «un remake plus musclé des manifestations le 19 décembre».
Pourtant, les travaux du dialogue tendent déjà a accouché d’un accord qui ne sera pas inclusif craint La Prospérité, en faisant remarquer qu’à l’étape où est arrivé le dialogue facilité par Edem Kodjo, il n’y a point de doute que le glissement des mandats redouté ou souhaité est en train de prendre corps.
A en croire le quotidien, les discussions à la Cité de l’Union Africaine ne portent plus sur le respect de la Constitution. Aucun délégué, ni de la Majorité Présidentielle ni de l’Opposition pro-dialogue, n’en parle ou n’y croit vraiment, révèle le tabloïd, renseignant que les participants au dialogue discutent beaucoup plus sur la durée de la transition qu’ils ont instituée après avoir levé l’option de la refonte totale du fichier électoral.
En outre, poursuit le quotidien, les participants au dialogue se sont, par ailleurs, interdits de décider sur l’avenir politique des animateurs des Institutions de la République à l’issue de la transition.
Or, Le « Rassemblement » de l’opposition, la Plate-forme politique de l’opposition qui refuse de prendre part à ces travaux, ne jure que sur le respect des délais constitutionnels. Qui l’emportera, s’interroge dès lors le quotidien sans apporter des réponses.
Craignant le chaos, Forum des As conseille aux acteurs politiques de s’assumer et d’apporter leur concours à la CENI pour organiser de bonnes élections.
Le journal qui parle des défis de la commission électorale soutient que sa requête ainsi que les délais avancés ne tombent pas du ciel. Elles résultent d’une étude grandement menée par des experts électoraux venus de divers horizons dont l’OIF, le PNUD et la MONUSCO, laquelle étude a tenu compte de l’immensité du pays et de l’inexistence d’infrastructures dans l’arrière-pays, les défis logistiques qui en découlent expliquent aisément en partie les délais auxquels ont abouti les experts, fait savoir le quotidien.
Dans un tout autre registre, L’Avenir fait échos du point de presse de la Majorité présidentielle (MP) organisé samedi à Kinshasa en rapport avec l’actualité politique de ces dernières semaines. Au cours de ce point de presse, le porte-parole de la MP, André-Alain Atundu, a condamné «les actes perpétrés par les manifestants se réclamant du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, consistant à créer le chaos jusqu’à l’éviction du Président Joseph Kabila du pouvoir», rapporte le journal.
Le porte-parole de la MP s’est par ailleurs étonné du comportement de la CENCO qui a quitté le dialogue, le laissant dans les conditions qu’il était au moment où elle y avait adhéré.
Quant aux alertes lancées par les autorités américaines à leurs homologues congolaises, A. Atundu a estimé qu’il s’agit d’une prophétie programmée du chaos et a tenu à rappeler l’importance de sauvegarder les meilleures relations entre la RDC et les Etats-Unis, deux alliés traditionnels, a ajouté le quotidien.