Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a appelé mardi 7 janvier la population de Beni et les FARDC au calme après deux journées des violences et des manifestations des jeunes qui protestaient contre le meurtre du colonel Mamadou Ndala. Dans la matinée, le maire de Beni disait craindre un affrontement entre différentes unités de l’armée régulière après l’incendie la nuit dernière par les manifestants de la maison d’un officier supérieur des FARDC suspecté et assigné à résidence à cause de ce meurtre. Pour julien Paluku, cette situation ne doit pas occasionner les violences au moment où les enquêtes sont en cours.
«Il ne faudrait pas que les gens basculent dans [la] haine interethnique», a déclaré le gouverneur Paluku mardi après midi à Beni-ville, où il est arrivé avec le commandant de la 8eme région militaire, général-major Lucien Bauma.
Les lois de la RDC disposent que toute personne est innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie, a-t-il rappelé. Depuis samedi 4 janvier, un responsable du bataillon des FARDC à Beni-ville est assigné à résidence et un des gardes du corps du Colonel Ndala, aux arrêts. Ils sont suspectés du meurtre du commandant du 42è bataillon de l’Unité de réaction rapide des commandos des FARDC, tué deux jours auparavant près de Beni.
«Il ne faudrait donc pas qu’on [se fasse justice]. Lorsque les enquêtes sont en cours, c’est que, demain, la cour va se saisir de ce dossier. Il sera fixé devant la cour opérationnelle et on va rendre le verdict. Celui qui sera coupable sera sanctionné conformément à la loi», a poursuivi Julien Paluku. «Je pense […] que lorsque quelqu’un est interpellé, a-t-il estimé, ce n’est pas qu’il est forcément l’auteur d’un crime. Mais c’est pour des besoins d’enquêtes».
Il a par ailleurs appelé les soldats basés à Beni au respect de règlements militaires. «Ils devront continuer à faire foi à leur hiérarchie, à respecter les ordres qui viennent de leur commandement. C’est la seule manière de servir sous le drapeau», a-t-il souhaité.
Par la même occasion, le gouverneur de province a invité locale au calme, «à ne pas céder aux spéculations.»
Dans la matinée, le maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa, avait appelé les jeunes au calme et à plus de retenue pour éviter des débordements. Il redoutait des affrontements entre militaires. «Quand les unités d’une armée se mutinent en pleine ville, c’est la ville qui sera détruite, ce sont les populations qui seront tuées», a-t-il estimé.
Détermination de la Monusco
Le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, était aussi à Beni ce même mardi dans la matinée, accompagné du commandant des Forces de la Monusco et de celui de la Brigade d’intervention de l’Onu en RDC.
“Nous avons instamment condamné l’assassinat du colonel Mamadou. [Nous effectuons maintenant] ici une visite de solidarité avec la population de Beni, qui souffre. Je crois que le peuple congolais veut la paix. La population veut regagner leurs champs», a expliqué le chef de la Monusco.
Martin Kobler a par ailleurs réaffirmé l’engagement de la Monusco de neutraliser tous les groupes armés actifs dans le territoire de Beni, dont les rebelles ougandais des ADF/Nalu:
«Nous, la Monusco, nous sommes ici pour servir le peuple congolais dans son aspiration de combattre le terrorisme, la violence, le kidnapping – qui est un problème ici, de combattre les ADF/Nalu. On a un mandat de combattre avec force, toutes les forces négatives dans le pays, les ADF/Nalu et les divers groupes armés afin que la paix soit restaurée.»
Lire aussi sur radiookapi.net: