Le Président de la République s’est entretenu, ce jeudi 13 décembre à Kinshasa, avec les députés de l’opposition sur la situation de guerre qui prévaut dans l’Est de la RDC. Joseph Kabila a sollicité l’implication des élus du peuple dans la résolution de cette crise, selon un participant. De leur côté, les députés ont principalement exigé la tenue d’une table ronde «afin de débattre non seulement du Kivu mais aussi des autres maux qui rongent la RDC».
Parmi les députés qui ont participé à la rencontre avec Joseph Kabila figurent principalement les représentants des trois de quatre groupes parlementaires de l’opposition à l’Assemblée nationale. Il s’agit de l’UNC et alliés, MLC et alliés et des Libéraux démocrates sociaux (GLDS). Le groupe UDPS et Fac n’y a été représenté que par trois députés.
Au cours d’une rencontre qui a duré plus d’une heure, les députés ont fait savoir que la situation sécuritaire reste préoccupante au Nord-Kivu, où la rébellion du M23 occupe plusieurs localités. Ses troupes se trouvent à quelques kilomètres de la capitale de cette province, Goma, qu’elles avaient occupée pendant une dizaine de jours en novembre dernier.
Face à cette réalité, ces parlementaires estiment que la cohésion nationale est indispensable. «Nous avons demandé que nous nous mettions autour d’une table pour faire un diagnostique clair de la situation afin de faire des propositions nettes (susceptibles de nous faire) sortir de la crise», a rapporté Grégoire Kiro, député national RCD/KML, élu de Béni (Nord-Kivu).
En effet, les groupes parlementaires de l’opposition ont réaffirmé leur position en faveur d’« un dialogue républicain et inclusif » pour résoudre la crise dans l’Est de la RDC. Ils ont rejeté les discussions entre le Gouvernement et le M23, qui ont débuté, dimanche 9 décembre dans la capitale ougandaise. « Ce dialogue inclusif » réunirait des représentants de la majorité, de l’opposition, de la rébellion du M23 et de la société civile sous la conduite de la communauté internationale.
Un autre participant, José Makila, de l’Alliance des travaillistes congolais pour le développement (ATD), a indiqué que Joseph Kabila a sollicité leur implication dans la résolution de cette crise:
«Le chef de l’Etat nous a demandé à ce que nous puissions mobiliser notre jeunesse pour leur enrôlement dans nos forces armées. On a besoins d’au moins trois cent mie hommes. On n’a pas promis au chef de l’Etat ce qu’on fera. Mais, nous avons nos solutions, en tant qu’opposition pour pouvoir participer activement à la paix en République démocratique du Congo.»
L’état-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) avait lancé, début août, l’opération de recrutement des jeunes congolais âgés de 18 à 25 ans sur toute l’étendue du pays. Les autorités militaires avaient alors assuré que cette opération n’était pas forcément liée à la guerre dans l’Est, mais visait plutôt à rajeunir l’armée dans le cadre de la réforme entreprise par le gouvernement congolais.
Jusqu’à mercredi dernier, des sources proches de l’opposition renseignaient par ailleurs que l’opposition comptait boycotter le discours du Président devant le Congrès, prévu pour le samedi 15 décembre. Mais, on ignore si elle maintient sa position après la rencontre de ce jeudi.
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