Des économistes, professionnels du développement et décideurs politiques discutent depuis le mardi 30 octobre à Kigali de la croissance et du développement sur le continent africain. Cette conférence économique organisée par la Banque africaine de développement (Bad), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a pour thème : « Développement inclusif et durable pour tous à l’ère des incertitudes économiques ».
Les conférenciers vont notamment discuter sur les problèmes de croissance et de développement de l’Afrique, l’un des rares ensembles économiques qui gardent un taux de croissance soutenue (4,5% en 2012) malgré les différentes crises économiques et financières qui secouent la planète depuis 2008. Mais cette croissance ne favorise pas toujours l’emploi et le développement durable.
« Bien que l’Afrique connaisse une croissance économique, du point de vue humain, le continent n’enregistre pas de développement durable et rapide », a reconnu l’administrateur du PNUD.
Il a regretté que le continent ne mette pas en valeur les atouts dont il dispose notamment la jeunesse et les femmes « qui ont prouvé leur capacité à transformer leur milieu ».
Pour sa part, le président de la Banque africaine de développement (Bad), Donald Kaberuka, s’est demandé pourquoi tous les colloques et forums organisés sur la question du développement de l’Afrique ne produisent pas les résultats escomptés.
Il a encouragé les chercheurs africains à «faire preuve de plus d’imagination pour créer plus d’emplois et trouver des solutions internes au problème de l’Afrique », accusant aussi les dirigeants africains « de ne pas faire ce qu’il faut » pour dynamiser l’économie continentale.
« Sans une bonne politique, la croissance économique ne sera jamais inclusive », a-t-il affirmé.
Pour le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, l’Afrique doit mettre l’accent sur les stratégies visant à renforcer les secteurs économiques pour se développer. Ce qui, selon lui, passerait par « l’appropriation des programmes de développement par les communautés locales ».
Un rapport, publié par l’Union africaine et la CEA en marge de cette rencontre et dont la Pana s’est procurée une copie, souligne « une nécessité et un besoin pressant d’investir dans le domaine de l’infrastructure qui demeure un obstacle majeur pour la prospérité du continent ».
Le document de 193 pages recommande aux pays africains de mettre en place des systèmes adaptés qui leur permettront d’exploiter les secteurs clés de leurs économies tels que les banques commerciales, les fonds d’assurance, le marché boursier ainsi que les fonds de pension.
De nombreux économistes réfléchissent sur le décalage entre les taux de croissance élevés qu’enregistrent plusieurs pays africains et les données économiques réelles sur terrain dont le chômage.
L’homme d’affaire Richard Attias estime que le premier et principal handicap de l’emploi en Afrique est lié au déficit de compétitivité, notamment face à la concurrence industrielle asiatique.
Le cabinet de conseil McKinsey plaide notamment pour que les exportations des matières premières génèrent des emplois locaux et qu’au moins une partie de la transformation soit réalisée sur place.