La juge Fatumata Diara de la Cour pénale internationale (CPI) a regretté, mercredi 24 octobre à Kinshasa, le retard pris dans le procès du leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, détenu à la Haye depuis près de cinq ans. Le sénateur congolais est poursuivi pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par ses troupes de la rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC) entre 2002 et 2003 en République centrafricaine.
La juge Fatumata Diarra participait, mercredi à Kinshasa, aux journées scientifiques sur le statut de Rome qui institue la CPI. Cette cour fête depuis le mois de juillet le dixième anniversaire de sa création. Fatumata Diara a affirmé que le retard observé dans le procès Bemba avant le prononcé du verdict était dû notamment à la nature complexe de la procédure:
«Il y a des problèmes de traduction, d’expurgation de l’identité des témoins et des victimes pour éviter des représailles et [des problèmes liés] à la longue distance qui sépare les témoins du siège de la Cour. Sinon, il n’y a aucune raison politique qui puisse justifier ce retard, que nous-mêmes nous déplorons avant tout le monde. »
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Depuis début août, le président du MLC a commencé à présenter sa défense. Plusieurs témoins sont ainsi appelés à la barre. Mais l’essentiel de leurs dépositions se passe à huis clos.
Au cours des deux dernières semaines, plusieurs fonctionnaires du régime Patassé ont déposé en utilisant des pseudonymes. Leurs récits, interrompus par d’incessants huis-clos, continue de faire de l’affaire Bemba un procès quasi-confidentiel, selon des observateurs à La Haye.
Selon les courts extraits publics des dépositions de témoin de la défense, l’Etat centrafricain aurait fourmi uniformes, armes et munitions aux soldats du MLC, dès leur arrivée en Centrafrique fin octobre 2002. Ces derniers étaient appelés par le régime du président Ange Félix Patassé pour faire face à la rébellion dirigée par François Bozizé qui a fini par prendre le pouvoir.
Depuis le début du procès, Jean-Pierre Bemba a affirmé qu’il n’avait pas le contrôle sur ses soldats et qu’il ne pouvait pas être tenu pour responsable de leurs actes. Il s’agit des pillages, viols et meurtres décrits par des victimes lors de la première phase du procès dédiée aux témoins de l’accusation.
Certains avaient identifié leurs bourreaux comme membres du MLC, notamment parce qu’ils parlaient lingala. Or, l’un des témoins de la défense a affirmé que des mercenaires congolais étaient engagés du côté des rebelles de Bozizé. Dès lors, l’usage du lingala ne peut pas permettre d’identifier les auteurs des crimes, estime la défense.
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