L’ONG Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) réclame la réforme de l’Agence nationale de renseignement (ANR) qu’elle accuse d’abus de pouvoir. Dans son appel lancé au gouvernement congolais, le président de l’Acaj dénonce plusieurs cas d’arrestations, détentions au secret et traitements inhumains infligés à des citoyens par l’ANR. De son côté, le ministre de l’Intérieur assure que cette reforme est en cours et qu’il est excessif de parler d’abus de pouvoir de la part de ce service de sécurité.
Pour le président de l’Acaj, Me Georges Kapiamba, le gouvernement doit faire libérer toutes les personnes arrêtées par l’ANR et enlever à ce service des prérogatives qu’elle s’est illégalement arrogées, selon lui.
« Nous avons épinglé un certain nombre de cas, notamment celui de Me John Kalombo, qui est avocat au barreau de Kananga. Il a été enlevé sans aucun motif, détenu puis acheminé à Kinshasa, où il est détenu à ce jour, dans un cachot tenu secret, sans aucun droit de visite, même des membres de sa famille ou encore de ses avocats », a affirmé Me Georges Kapiamba.
Le président de l’Acaj parle de « plusieurs autres cas » qui démontre, selon lui, « le tableau très noir » des agissements de l’ANR.
Il appelle le gouvernement à « agir vite pour enlever l’ANR de la sphère de l’administration de la justice, car ce ne sont pas ses attributions », selon lui.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, estime au contraire que l’ANR est aujourd’hui un service « fortement humanisé ».
« Pour ceux qui ont suivi l’évolution de ce service dans ce pays, je crois qu’ils n’hésiteront pas à dire que l’ANR est un service aujourd’hui fortement humanisé. Je crois que pour mieux comprendre le fonctionnement de l’ANR, il faut approcher les autorités de l’ANR, le ministre de tutelle que nous sommes », a-t-il déclaré.
Selon le ministre Muyej, ce service est actuellement en pleine réforme, précisant que le fonctionnement actuel de l’ANR est adapté à la crise sécuritaire que traverse le pays.
« Nous avons franchi la première étape, qui est la réforme des services. Et nous avons un programme qui se poursuivra. Le fonctionnement d’aujourd’hui est plus ou moins particulier et passager. Le pays est en guerre… c’est tout à fait normal qu’au niveau de l’ANR il y ait des dispositions spéciales pour plus d’efficacité», a-t-il souligné.
Les services de sécurité congolais, dont la police et l’ANR, sont souvent accusés de tracasseries de la population et de violations de droits de l’homme.
Selon un rapport des Nations unies publiés en mars 2012, les membres des forces de sécurité de la RDC ont commis de “graves violations” des droits de l’homme, comprenant des tueries et des détentions arbitraires, lors des violences électorales de la fin de 2011.
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