Coupures d’électricité à Kinshasa: les ménagères se ruent vers la sciure de bois

La sciure de bois, une source d’énergie électrique ailleurs, est utilisée comme combustible pour la cuisson des aliments à Kinshasa; en lieu et place du réchaud électrique et du brasero. Kinoises et Kinois ont affirmé à un reporter de Radio Okapi, ce vendredi 10 juin, qu’elle est plus économique que le charbon de bois et permet de faire face à l’absence quasi permanente de l’électricité dans certains quartiers de la ville.

Dans les scieries qui longent l’avenue Langalanga dans la commune de Limete, où  se situe l’un des marchés spécialisés dans la vente du bois, attendent juste à coté, des femmes impatientes en pagne presque délavés, munies des sacs vides.

Elles sont couvertes, pour la plupart d’entre elles, des résidus de bois qui s’échappent des scies électriques en pleine activité.

A chaque arrêt de la machine et le soir, lorsque les scieries ferment, elles remplissent avec précipitation de sciure et copeaux de bois leurs sacs moyennant 100 francs congolais (0.1 USD) ou gratuitement.

Une ménagère témoigne:

«Je n’utilise plus la braise parce qu’elle coûte cher. Avec la sciure de bois de 100 francs congolais, je peux préparer trois repas. Alors qu’avec la braise, il me faut au moins 1 500 francs congolais (1,63 USD) pour un seul repas. Un sac de braise coûte 20 000 (21,7 USD) à 25 000 francs congolais (27,1 USD).»

«Les habitants de certains quartiers passent parfois deux mois sans électricité,» a indiqué une autre femme. Un sac de sciure, qui est revendu à 500 francs congolais (0,54 USD), peut servir pendant un mois, a-t-elle poursuivi.

Joachim Mavuba, menuisier et responsable d’une scierie, affirme que ces résidus du bois sont recyclés sous d’autres cieux pour la fabrication des meubles en bois non massif, notamment ceux vendus par les Chinois et les Indiens à Kinshasa:

«La plupart des meubles que nous voyons dans les magasins en ville sont fabriqués sur base de la sciure de bois qu’on transforme en pâte, ensuite en triplex après collage cela aboutit à la fabrication d’autres meubles. La plupart des meubles que nous vendent les Chinois sont fabriqués à partir de cette technique.»

La secrétaire générale de la Fédération des industriels du bois, Françoise Van de Ven, précise, pour sa part, que cette technique s’adapte au bois tempéré qui est tendre.

Avec le bois tropical qui est dur, il est possible de produire de l’énergie électrique. Seulement, a-t-elle précisé, ce genre de projet coûte énormément cher:

«Il y a des usines qui ne voient pas le courant pendant trois semaines. Il y a deux solutions, soit vous vous mettez tous sur groupe électrogène, ce qui est très coûteux ou vous mettez en place un système de cogénération pour récupérer votre sciure afin de générer l’électricité. Il y a déjà des sociétés qui récupèrent comme la Sodefor à Nyoki, mais ce sont des projets qui sont énormément coûteux.»

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