Le M23 menace, harcèle et attaque des journalistes et des activistes dans les zones occupées (HRW)

Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, ainsi que l'Alliance Fleuve Congo (AFC) dirigée par Corneille Nangaa, ont exercé des menaces, des détentions et des attaques contre des journalistes, des opposants et des membres de la société civile depuis la prise de Goma et Bukavu, chefs-lieux du Nord et Sud-Kivu.

Cela est rapporté dans un document publié par l'ONG Human Rights Watch (HRW) le 12 mars.

Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les combattants du M23 ont mené des raids dans des domiciles, proférant des menaces de mort et de représailles, compromettant ainsi le travail des médias indépendants et des organisations de la société civile. Ils ont également arrêté des leaders de la société civile et commis des exécutions sommaires, dont celle du chanteur et activiste Delcat Idengo à son domicile, ainsi que le meurtre de cinq hommes soumis à un travail forcé.

Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur la région des Grands Lacs à Human Rights Watch, a déclaré que : « Le M23, soutenu par le Rwanda, harcèle et attaque des activistes, des journalistes et des détracteurs pacifiques dans les zones qu’il contrôle à l’est de la RD Congo. Le rétablissement d’une certaine normalité dans les villes de Goma et de Bukavu, toutes deux sous contrôle du M23, nécessite que les journalistes et les militants de la société civile puissent exercer leurs fonctions sans menaces ni violences. »

De nombreuses demandes de protection

Depuis la fin du mois de janvier, Human Right Watch a mené des entretiens avec plus d’une vingtaine d’activistes congolais et de journalistes nationaux et étrangers dans les villes de Goma, Kinshasa et Bujumbura, et a examiné des enregistrements audio d’appels téléphoniques, des captures d’écran de messages et des enregistrements vidéo et audio de discours prononcés par des responsables de l’AFC et du M23.

Human Rights Watch a reçu des informations crédibles indiquant que plus de 200 activistes ont fait des demandes de protection depuis que le M23 a lancé son offensive sur Goma en janvier puis a pris Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu, en février. 

« Les autorités du M23 et de l’AFC ainsi que le gouvernement rwandais sont tenus de respecter le droit international humanitaire dans les zones qu’ils occupent. Ils devraient permettre aux activistes de la société civile et aux journalistes de travailler et de se déplacer librement, sauf pour des raisons impérieuses de sécurité, et faire rendre des comptes à leurs membres responsables d’abus », recommande le rapport. 

Après la prise de Goma par le M23 et les forces rwandaises le 27 janvier, les combattants de l’AFC ont remplacé la police et d’autres institutions gouvernementales nationales dans la ville.

Depuis lors, des rebelles du M23 ont battu et exécuté sommairement des personnes suspectées de soutenir les forces armées congolaises et leurs alliés, ainsi que des criminels présumés.

Ils ont également pillé des maisons.