La situation de guerre dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, a des conséquences dramatiques sur la vie socioéconomique des habitants. Télesphore Mitondeke, cadre de la société civile de Masisi, déplore les effets dévastateurs des affrontements sur la population locale, contrainte de se déplacer constamment pour fuir les combats.
« La population, forcée à se déplacer constamment à cause des affrontements, ne produit plus rien. Par conséquent, les échanges commerciaux et l’approvisionnement en divers produits deviennent impossibles dans ces entités. La population de Masisi, connue pour ses activités agropastorales, se retrouve aujourd’hui en train d’attendre l’aide humanitaire qui n’arrive pas », déplore-t-il.
Sur le plan humanitaire, Télesphore Mitondeke note que des centaines de ménages déplacés ne reçoivent aucune assistance en raison de l’inaccessibilité des zones où ils ont trouvé refuge. Il insiste sur le fait que la population ne demande qu’une chose : le retour de la paix et le rétablissement de l’autorité de l’État dans leurs localités.
Les ports stratégiques sous contrôle rebelle
Le cadre de la société civile de Masisi alerte également sur les enjeux économiques liés à l’occupation de ports stratégiques par les rebelles. Il cite notamment le port de Kasunyu et 23 autres débarcadères situés dans le groupement de Buzi. Ces infrastructures, autrefois sources de recettes importantes pour le Gouvernement congolais grâce aux taxes sur les marchandises et la navigation, sont désormais sous contrôle rebelle.
Avec plus de 40 tonnes de marchandises quittant le groupement de Buzi vers Goma et Bukavu, les différentes taxes et revenus générés par ces activités économiques vont désormais bénéficier aux rebelles, renforçant ainsi leurs capacités de nuisance contre le gouvernement congolais, déplore cet activiste de la société civile.
Selon Télesphore Mitondeke, l’occupation de ces ports facilite les mouvements des rebelles, qui peuvent désormais se ravitailler ou évacuer des minerais et du café vers le Rwanda, pays qui soutient le groupe rebelle M23.
Face à cette situation, Télesphore Mitondeke appelle le gouvernement congolais à se réorganiser pour reprendre le contrôle des zones stratégiques, notamment le groupement de Buzi, Minova et le port de Kasunu.