Revue de presse kinoise du vendredi 5 août 2022.
Le rapport non encore publié du groupe d’experts de l’ONU sur les exactions du M23 dans le Nord-Kivu fait la Une de plusieurs journaux parus ce vendredi matin dans la capitale congolaise. La Tempête des tropiques ouvre le bal et titre en sa manchette : « Soutien militaire aux terroristes du M23, l’ONU enfonce le Rwanda ».
Dans ce rapport, indique ce quotidien, le groupe d’experts des Nations unies affirme disposer des preuves sur le soutien de Kigali aux rebelles M23 pour déstabiliser la partie Est de la RDC. Ce document qui a fuité dans la presse congolaise prouve que Kigali fournit des armes et un soutien aux hommes de Sultani Makenga dans l’est de la RDC, rapporte ce tabloïd. Alors que plusieurs fois, fait remarquer La Tempête des tropiques, le Rwanda a toujours démenti les accusations du gouvernement congolais selon lesquelles Kigali soutiendrait le M23 et aurait envoyé des troupes dans l’Est pays. Aussi, s’étonne ce journal, le M23 niait recevoir un soutien rwandais.
Pour l’Avenir, ce rapport prouve que les Nations unies ont lâché le Rwanda. Ce quotidien estime qu’avec ces preuves de l’ONU sur le soutien de Kigali aux rebelles M23, la RDC n’attend plus que les conséquences soient tirées, que la responsabilité du Rwanda soit reconnue et que la paix revienne enfin sur cette partie Est du pays, en proie à l’activisme des rebelles et groupes armés. L’avenir est d’avis que les manifestations anti-MONUSCO auront été un effet déclencheur de cette attitude onusienne qui, autrefois, avait du mal à reconnaître la responsabilité du Rwanda dans l’instabilité de l’Est du pays. Aussi, poursuit ce journal, la tournée prochaine du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a fait bouger les lignes. Le rapport des experts de l’ONU, souligne ce quotidien, corrobore les propos de la cheffe de la mission onusienne en RDC, Bintou Keita qui devant le conseil de sécurité de l’ONU le 29 juin dernier, avait affirmé que le M23 se comportait de plus en plus comme une armée régulière.
Le journal La République pense que ce rapport des experts de l’ONU vient crucifier le président rwandais, Paul Kagame. En RDC, note ce quotidien, cela peut ressembler à une simple rengaine d'autant que les preuves abondent quant à la formation et l'exploitation du variant M23 par l’homme fort de Kigali. Sous le fallacieux prétexte d'une poursuite contre les forces génocidaires de 1994, signale ce tabloïd, Kagame s'est forgé « une vaste entreprise meurtrière » sur le sol congolais. Avec la force dont il se réclame, ce journal s'interroge sur la survie des Interhamwe, des FDLR alors que les soldats rwandais avaient investi et contrôlé le grand Kivu pendant 5 ans. Pion de la maffia internationale, ajoute La République, Paul Kagame a bien capitalisé cette opportunité pour tenter de matérialiser ses rêves irrédentistes et affairistes sur le sol congolais. En raison de ce plan, indique ce tabloïd, tous les analystes ont convergé sur l’intérêt pour Paul Kagame de voir les « rébellions » Interhamwe et FDLR perdurer afin de justifier la présence de ces soldats sur le territoire congolais. Raison à la base du rejet de la main-tendue lui offerte par le nouveau président congolais, Félix Tshisekedi, fait comprendre ce journal.
ECONEWS cherche, pour sa part, à comprendre les raisons ayant fait que ce rapport arrive au moment où la mission onusienne en RDC, la Monusco, fait face à des manifestations hostiles qui ont fait une trentaine de mort et plusieurs blessés. Après la publication de ce rapport, rapporte cet hebdomadaire, il y a bien des questions qui taraudent les esprits : Est-ce juste une opération de charme des Nations Unies pour calmer un peuple en colère ? Serait-ce la preuve d’un changement de tactique de l’ONU ? Pas facile d’y répondre pour l’instant, s’interroge ECONEWS. A Kinshasa, révèle ce journal, on se félicite néanmoins des conclusions du groupe d’experts de l’ONU qui corroborent la thèse maintes fois défendue par le gouvernement congolais. Pour cet hebdomadaire, il est temps que la diplomatie congolaise se mette en mouvement, une copie de ce rapport en main, pour sensibiliser les capitales du monde sur la véracité de l’agression de la RDC qui dure plus d’un quart de siècle. ECONEWS pense qu’il est encore prématuré de confirmer la thèse selon laquelle Kigali serait-il déjà dos au mur mais il reconnait néanmoins qu’après ce rapport, les lignes vont fondamentalement bouger.
Africa News boucle avec le point de vue du gouvernement sur ce rapport d’experts onusiens. Cet hebdomadaire rappelle que Kinshasa a réagi jeudi sur le rapport du groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies accusant le Rwanda de fournir des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques dans l’Est de la RDC. Plus de doute, note ce journal, ce travail vient de corroborer une thèse avancée par Kinshasa depuis des mois et niée par Kigali et met à nu, Paul Kagame, le numéro un du Rwanda. Interrogé le même jour, souligne Africa News, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a salué ce rapport, estimant cependant que ces conclusions sont publiées en retard alors qu’il y’a eu des morts lors de différentes manifestations anti-MONUSCO dans les Kivu. Dans un communiqué publié le même jour, ce membre du gouvernement a appelé le Conseil de sécurité à condamner cette agression et tirer les conséquences en sanctionnant Kigali, indique ce tabloïd. Au nom du gouvernement, soutien ce journal, Muyaya a dit s’en tenir au cessez-le-feu conclu lors d’un sommet à Luanda en Angola entre les présidents Paul Kagame du Rwanda et Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo.