Le Potentiel : « 57 morts à Djugu, 26 morts à Matadi Kibala et 6 morts à N’Sele : 2 février, un mercredi noir en RDC »

Revue de presse du jeudi 3 février 2022

Les journaux parus jeudi 3 février à Kinshasa font un décompte macabre de la journée de mercredi en RDC : à la trentaine de personnes mortes dans deux accidents à Kinshasa se sont ajoutées 57 autres tuées par la milice CODECO sur un site des déplacés en Ituri.

« Mercredi 2 février a été une journée dramatique en République démocratique du Congo. À Kinshasa, 26 personnes, en majorité des vendeuses au marché Matadi Kibala à l’Ouest de la capitale sont mortes électrocutées à la suite de la coupure d’un câble électrique à haute tension de la Société nationale d’électricité (SNEL) », rapporte Le Potentiel.

Et comme si cela ne suffisait pas, poursuit le journal, la route de la N’Sele à l’Est de la capitale a aussi été meurtrière, avec un accident de la circulation au niveau du centre sportif Mikala, bilan provisoire : 6 morts.

« À Djugu, dans la province de l’Ituri, les autorités militaires ont annoncé, ce même mercredi, une incursion des présumés miliciens de la Codeco survenue dans la soirée de mardi 1er février au site des déplacés, à 3 km de Bule, près du centre de la chefferie de Bahema. Bilan provisoire : 57 personnes tuées. Ça fait simplement trop ! », s’exclame le tabloïd.

A propos du drame de Matadi Kibala, renchérit La Prospérité, Sama Lukonde promet la prise en charge des obsèques des personnes décédées par le gouvernement. Sur le lieu du drame, selon le quotidien, le Premier ministre a souligné la nécessité de tout mettre en œuvre pour des solutions idoines et définitives sur la délocalisation du marché de Matadi Kibala, où les vendeurs courent beaucoup de risques sous différents angles.

« Drame qui serait évité si le dossier de la construction d’un marché moderne à Matadi Kibala avait avancé », estime L’Avenir.

Incriminée dans ce drame, la SNEL pointe le coup de foudre comme l’origine de l’incident, fait savoir le quotidien Le Journal, publiant le communiqué de cette société.

« Dans les réseaux sociaux, la population en émoi qui s’exprime condamne la mauvaise gestion de la Société nationale d’électricité, qui semble abandonner ses responsabilités. Les câbles électriques suspendus aux poteaux se sectionnent souvent sans qu’il y ait l’intervention des agents de cette société. Les autres l’accusent la SNEL de n’avoir aucune politique de prévention », rapporte le tabloïd.

Au-delà du drame, s’alarme La Tempête des tropiques, tout Kinshasa est exposé. « Le drame survenu hier à Matadi Kibala remet au-devant de la scène les risques qu’entrainent les constructions anarchiques et autres déplorables avaries sur les voies publiques. A travers la ville de Kinshasa, tout le monde est exposé. Plusieurs quartiers de la capitale sont clairsemés des habitations voire des édifices publics sous des pylônes électriques. Les canalisations d’eau subissent le même sort avec des inadaptations contre la voirie et le drainage d’eau », déplore le journal, évoquant également la multiplicité des stations de vente de carburants proches des habitations.

 L’éditorialiste de Forum des AS abonde dans le même sens : « Même si on ne peut faire l'économie de larmes, la tragédie de Matadi-Kibala a tout d'un miroir de ce qu'est la RDC. A savoir : un concentré de problèmes entassés, cumulés sans autre solution au mieux que la procrastination incantatoire et, au pire, la complicité, l'incurie et la complaisance des administrations faisandées doublées de l'autisme et de l'immobilisme de l'Etat central ».

Même la vétusté des câbles renseigne sur le degré de la « déglingue généralisée dans laquelle on se complaît comme si cela relevait d'un déterminisme religieux. Ces braves dames qui vivaient sans doute dans le noir ont été fauchées par des fils transportant un courant qui leur passait dessus sans les éclairer ! », poursuit le quotidien.