« Le premier défi, et sans aucun doute le plus grand, est celui de la sécurité et de la protection des civils dans l’est du pays », a déclaré ce mardi 5 octobre la cheffe de la MONUSCO, Mme Bintou Keita lors de sa déclaration devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Elle estime que ce sont là les défis et opportunités qui se présentent sur la route à emprunter ensemble avec le gouvernement et la population congolaise afin de poursuivre la consolidation démocratique du pays, renforcer ses institutions, et avancer résolument vers la stabilisation des provinces de l’est et la protection des civils.
« Depuis la déclaration de l’état de siège par le gouvernement dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, la Mission redouble d’efforts pour appuyer les forces armées, les forces de police, et les autorités judiciaires, afin de restaurer la présence et l’autorité de l’Etat sur chacun des territoires concernés. Les capacités de la Force en matière de collecte de renseignement ont été accrues. Des formations sont fournies aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en matière de tactiques militaires et de respect des principes des droits humains et du droit humanitaire », a indiqué Bintou Keita.
Selon elle, l’état de siège a permis un renforcement du partenariat entre la MONUSCO et les FARDC. Cela se traduit par des progrès en termes de planification et d’exécution des opérations.
« A cet égard, l’ensemble des unités de réaction rapides devraient être déployées d’ici fin octobre pour renforcer nos capacités à protéger les civils lors des opérations conjointes contre les groupes armés, en conformité avec la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme (HRDDP) », ajoute Mme Bintou.
Des bastions des ADF démantelés
Bien que les opérations militaires conjointes contre les ADF aient abouti au démantèlement de plusieurs bastions du groupe, les violations des droits humains perpétrées par des acteurs étatiques et non étatiques, en particulier dans les provinces de l'Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, restent préoccupants, alerte la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en RDC.
« Entre juin et août, 367 personnes ont été victimes d'exécutions arbitraires et extrajudiciaires. 203 personnes, surtout des femmes et des enfants, ont subi des violences sexuelles. Dans certaines régions, notamment au Sud-Kivu, les conflits intercommunautaires sont alimentés par des discours de haine. Je condamne sans réserve tout discours de haine, y compris les récentes déclarations encourageant le « nettoyage » des hauts plateaux », dénonce la cheffe de la MONUSCO.
Ces discours populistes et belliqueux sont, selon Mme Bintou, un danger pour la stabilité du pays et devraient faire l’objet de sanctions judiciaires exemplaires.