Au lendemain du début de la campagne «10 jours sans activités» pour dénoncer les massacres à Beni, les activités économiques sont toujours paralysées à Butembo. Les principaux commerces sont restés fermés. Dans certains quartiers, une certaine agitation s’observe. Il est fait notamment état des jeunes qui exigent aux passants de l’argent. Mais dans la ville, la paralysie des activités économiques perturbe la vie de certains ménages.
Certaines personnes exerçant notamment dans l’artisanat ou le petit commerce affirment être «asphyxiés» par cette situation.
C’est le cas de cette couturière qui confie vivre de ses revenus journaliers. Des revenus mis à mal par le climat actuel dans la ville.
«Nous vivons quotidiennement. Quand je suis en mouvement, les clients se présentent pour faire des commandes. C’est ainsi que ça marche jour après jour. Mais maintenant qu’il n’y a pas d’activités, nos portes sont fermées, nous n’avons pas de moyens. Nous ne vivons que de notre travail journalier», explique la dame.
La couturière dit ne pas s’opposer à l’idée de manifester contre les massacres à Beni. Mais elle estime qu’il existe d’autres formes de manifestations qui peuvent permettre à tout le monde de trouver de quoi vivre.
«On nous dit que ça sera pareil pendant dix jours, alors qu’un jour nous asphyxie. Ils disent qu’ils dénoncent les massacres. On ne refuse pas mais la façon de le faire, il n’y a pas que la paralysie d’activités», argumente la dame.
Discours similaires parmi les dames qui commercialisent des produits vivriers.
Elles ramènent à Butembo des ananas, bananes plantains et avocats récoltés à environ 30 kilomètres au Nord de la ville sur la route de Beni. Faute de pouvoir les évacuer, ces produits pourrissent, regrettent les commerçantes.
«Nous avons amené des avocats, ananas, feuille de manioc et des bananes plantains. Mais tout est presque déjà pourri, nous serons donc obligées de les jeter. Nous avons vraiment souffert. Nous amenons des bananes plantains qui murissent et pourrissent par la suite sans être achetées. Ça pèse énormément sur nos petites économies», témoigne l’une d’elle.
Tout en soutenant les actions pour le rétablissement de la paix à Beni, la dame réclame la reprise des activités.
Plusieurs mouvements citoyens et organisations de la société civile ont décrété dix jours sans activités à Butembo depuis lundi pour exprimer leur condamnation des massacres des civils à Beni.