Dans sa lutte contre l’insécurité alimentaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a réussi à fournir une aide alimentaire record à cinq millions de Congolais cette année.
« Avec l’augmentation de la violence, les déplacements à grande échelle, les récoltes médiocres et la pauvreté endémique qui a presque doublé le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire extrême en RDC cette année à 13,1 millions, le PAM a considérablement étendu ses opérations », fait valoir l’Agence onusienne dans un communiqué rendu public ce jeudi 20 décembre.
En atteignant ce nombre record de 5 millions, le PAM a pratiquement doublé son assistance à partir de 2017. Il s’agit d’abord de l’augmentation de l’aide alimentaire qui a permis d’éviter la famine dans le Kasaï et le Kasaï central. L’Agence des Nations Unies a ensuite rapidement intensifié ses interventions dans les provinces de l’Ituri, du Tanganyika et du Nord et du Sud-Kivu, où des conflits violents ont contraint de nombreuses personnes à fuir leur foyer.
Une aide a été fournie sous forme de produits, d’argent et d’aliments spécialement enrichis pour le traitement et la prévention de la malnutrition aiguë, qui touche 4,6 millions d’enfants dans le pays.
« Cela a été une année de crises multiples et de souffrances considérables pour des millions de Congolais », a déclaré le Représentant du PAM en République démocratique du Congo (RDC). Claude Jibidar a, au nom de l’ONU, exprimé sa reconnaissance aux donateurs pour leur soutien solide pendant cette période de besoins record.
D’autant que sur place, les organismes humanitaires n’ont cessé de monter en puissance pour répondre aux immenses besoins humanitaires engendrés par les conflits mais aussi la réapparition du virus Ebola. « Deux épidémies mortelles d’Ebola ont compliqué l’action humanitaire en RDC en 2018 », admet d’ailleurs le PAM.
Selon l’Agence onusienne basée à Rome, la première épidémie, déclarée en mai dans la province du nord-ouest de l’Équateur, a été éteinte en trois mois grâce aux efforts énergiques de confinement des intervenants menés par le ministère de la Santé.
Une assistance alimentaire fondamentale
L’assistance alimentaire fournie par le PAM aux victimes confirmées ou présumées, aux patients sortis de l’hôpital et à leurs familles, ainsi qu’aux « contacts » des victimes, a permis de limiter les mouvements de population à risque et était fondamentale. En outre, le rôle de l’agence en tant que responsable de la logistique humanitaire de l’ONU et le déploiement d’experts, d’avions et d’autres moyens ont également joué un rôle important.
Mais l’Agence onusienne a dû faire face à l’apparition d’un nouveau foyer épidémique en août dernier. Une nouvelle épidémie qui est actuellement considérée comme « la deuxième plus importante jamais enregistrée dans le monde » et qui a enregistré plus de 540 cas signalés dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, faisant 300 victimes. Là encore, le PAM a joué un rôle central dans la riposte en fournissant une assistance alimentaire à 86.000 personnes touchées ainsi qu’un vaste soutien logistique.
« Cette épidémie pourrait se propager ailleurs en RDC - et au-delà - du fait que son accès est entravé par les attaques des rebelles, une population très mobile et les craintes des communautés locales au sujet des traitements contre le virus Ebola », prévient le PAM.
Cette épidémie pourrait se propager ailleurs en RDC prévient le PAM
Par ailleurs, la réponse humanitaire en RDC a été encore compliquée par l’expulsion récente de quelque 380.000 de ressortissants congolais du nord de l’Angola vers la région du Kasaï, déjà touchée par une grave insécurité alimentaire. Le PAM a fourni une aide directe en espèce des produits nutritionnels aux postes frontaliers, ainsi que des rations alimentaires pour les retournés en transit et les familles d’accueil.
L’autre volet des opérations onusiennes a trait aux programmes de résilience qui « restent essentiels à la stabilisation ». Le PAM a ainsi continué cette année à rechercher les dividendes du développement et de la paix tirés des investissements humanitaires.
C’est le cas dans la province du Tanganyika, où l’appui aux petits exploitants, dont beaucoup de femmes, aide des milliers de familles appartenant aux groupes ethniques Bantu et Twa à laisser derrière eux une histoire de méfiance réciproque et de violents affrontements qui ont provoqué des déplacements et perturbé la production alimentaire.
Toutefois, toutes ces opérations restent conditionnées par une amélioration du financement qui permet la restauration de rations alimentaires complètes à certains bénéficiaires du PAM. Ces derniers doivent d’ailleurs composer avec la moitié des quantités programmées depuis de nombreux mois. « Nous comptons sur le soutien continu des donateurs pendant ce qui sera sûrement une année 2019 difficile », conclut le Représentant de l’Agence onusienne en RDC.
Avec ONU Info.