Le tribunal militaire garnison de Kananga a présenté ce jeudi aux prévenus et témoin des photos de miliciens et d’autres acteurs présents le 12 mars 2017 à Moyo Muisila où les experts de l’ONU ont été tués.
Sur ces images tirées de la vidéo de l’exécution des experts, le témoin Jean Bosco Mukanda reconnait notamment le prévenu Ilunga Lumu dont il décrit l’habillement et affirme avoir vu portant la tête de Zaida Catalan le jour du meurtre. Ilunga Lumu a toujours nié jusqu’ici avoir été présent sur le lieu du meurtre.
Le témoin reconnait également Bula Bula sur l’une des photos mais le chef du village qui regarde la photo pendant plusieurs secondes ne s’y reconnait pas.
Lorsqu’on lui présente également une photo de son frère, Gerard Kabongo- présumé chef milicien-, Bula Bula dit ne pas le reconnaitre non plus. Jean Bosco Mukanda identifie pourtant clairement M. Kabongo.
Quand le tribunal présente une photo où Zaida Catalan est visible, assise par terre, Bula Bula, Jean Bosco Mukanda, Vincent Manga et Ilunga Lumu déclarent dans un premier temps ne pas la reconnaitre. C’est après l’insistance du ministère que Bula Bula et Mukanda finissent par reconnaitre qu’il s’agissait de la dame blanche arrêtée puis exécutée par les miliciens.
Un «infiltré» dans la milice
Interrogé par le tribunal et la défense, le témoin Jean Bosco Mukanda est revenu ses rapports avec la milice qui était présente dans la région de Bunkonde au moment du meurtre des experts de l’ONU.
Alors que la défense le soupçonne d’avoir été un responsable de la milice, M. Mukanda- soutenu sur ce point par le ministère public- fait savoir qu’il s’était infiltré au sein de la milice pour pouvoir donner des renseignements aux forces de défense et de sécurité.
Le témoin affirme avoir fait partie d’un groupe de personnes qui étaient toutes chargées d’informer notamment l’armée sur l’organisation de la milice. Jean Bosco Mukanda explique ainsi que plusieurs de ses «collègues» ont été décapités par les miliciens qui se sont rendus compte de leur collaboration avec les forces de l’ordre.
Interrogé par le tribunal sur l’identité des personnes à qui il faisait rapport après avoir récolté ses renseignements, il a cité quelques officiers de l’armée et de la police.
«Certaines autorités de la police et de l’armée peuvent [témoigner sur mon travail]. Certaines étaient à Bunkonde, même ici à Kananga. Chaque mouvement que je faisais, je [leur] envoyais des SMS. […] Par exemple, si vous contactez le colonel Isaac, il peut donner mon témoignage», fait savoir Jean Bosco Mukanda qui cite également les noms du major Naboti, le capitaine Mbuara et du colonel Mambweni à qui il dit avoir également transmis certaines informations sur la milice. Le capitaine Mbuara fait partie des renseignants que le tribunal doit entendre. Sa comparution prévue ce jeudi n’a pas eu lieu. Au moment du meurtre des experts de l’ONU, il était le commandant de l’armée à Bunkonde.
Pressé ensuite par la défense pour préciser son propos, le témoin affirme avoir été en contact avec ses officiers «avant et après» la mort des experts de l’ONU.
Jean Bosco Mukanda ajoute avoir également été en contact avec certaines «autorités» politiques à Kananga. Il a transmis au tribunal une liste de ces autorités. La liste n’a pas été rendue publique.