Cinquante-sept ans après l’accession de la République démocratique du Congo (RDC) à son indépendance, le pays semble être en train de chavirer, regrette le président du Conseil des confessions religieuses en Afrique de Beni (Nord-Kivu), le bishop Janvier Baraka. Selon lui, la nation vit aujourd’hui des souffrances que le pays n’avait pas connues pendant les années de l’indépendance.
« Le pays semble en train de chavirer. On avait l’espoir que les choses pouvaient bien marcher et tout d’un coup, on assiste à des rébellions, des groupes armés qui se créent de gauche à droite », déplore le bishop Janvier Baraka, dans une interview qu’il a accordée, jeudi 29 juin à Radio Okapi.
Il fait remarquer que le pays assiste actuellement à des phénomènes qui n’avaient jamais existé avant, notamment des massacres des populations à Beni et aux Kasaï.
« Cette boucherie humaine n’avait pas existé. Le tissu économique est encore détruit plus qu’avant. 57 ans après l’indépendance, l’espoir est en train d’être réduit », affirme ce pasteur.
Face à cette situation « sombre », il interpelle ses pairs à faire leur travail de sentinelle.
« Les hommes de Dieu doivent se mettre débout et prendre conscience qu’ils sont des sentinelles. C’est maintenant que nous devons veiller sur des âmes que Dieu nous a données. Une sentinelle ne dort pas, elle prévient, elle a un œil vigilent », ajoute le bishop Janvier Baraka.
«En dessous de la moyenne»
Pour ces 57 ans d’indépendance, la population de Kinshasa pense que rien ne marche et que « nous sommes en dessous de la moyenne ». Ceratins kinois regrettent que le coût de la vie devienne insupportable.
« Les vieux peuvent nous aider à comparer la situation sociale actuelle et celle d’avant l’indépendance, mais moi personnellement, je n’arrive pas à payer mon loyer », affirme une dame interrogée par Radio Okapi.
« C’est regrettable. Nous croyions qu’après avoir fait partir les blancs pour l’indépendance nous allons émerger mais tout est toujours au rabais. Voyez un peu avec l’augmentation du dollar [1 USD revient à 1 550 Francs congolais] », déplore un cinquantenaire, qui ajoute :
« On ne sent même pas qu’il y a la fête de l’indépendance parce que le peuple n’a pas d’argent ».
« Nous sommes en dessous de la moyenne. Les gens ne mangent pas. Il n’y a pas de routes. Les agents ne sont pas payés. Il y a des tueries par-ci par-là », se désole un autre homme.
Intervenant sur la gestion du pays avant l’indépendance, un autre Kinois déplore que la RDC soit dirigée « sans intégrité ».
« Nos pères ont géré le pays avec intégrité. Ils n’ont pas volé l’argent. Aujourd’hui nous ne sommes pas capables de suivre l’exemple de nos parents », dit-il.