Deux factions du mouvement rebelle M23 se sont affrontées à l’arme lourde et légère, dans la nuit de dimanche à ce lundi 25 février, à Rutshuru-centre (Nord-Kivu). Le bilan provisoire fait état d’au moins huit morts et deux blessés. Parmi les morts, on dénombre six civils et deux rebelles du M23. Selon des sources locales, la tension était toujours perceptible toute la journée dans cette cité sous occupation du M23. Un c0nflit de leadership serait à la base de cet affrontement.
C’est autour de 20 heures locales que des habitants de Rutshuru ont été surpris par la détonation d’une arme lourde. Pendant environ 45 minutes, ces deux factions du M23 se sont affrontées à l’arme lourde et légère, d’après toujours des témoins dans la région.
L’une des factions est proche de Makenga Sultani, le chef militaire du mouvement, d’après des sources concordantes à Rutshuru. L’autre est constituée d’éléments fidèles à l’adjoint de Makenga, Baudouin Ngaruye, présenté comme disciple de Bosco Ntaganda, l’ex-leader du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.
Une alimentation située près de la paroisse catholique locale a été touchée par une roquette. Les occupants de cette alimentation, six civils, un major du M23 (l’aide du camp du colonel Baudouin Ngaruye) et son garde du corps ont été tués sur place. Un civil et un policier ont été blessés, renseignent les mêmes sources.
La tension couvait depuis plusieurs semaines. Des tentatives de réconciliation entre les deux factions ont même étaient entamées par d’autres leaders politiques proches de ce mouvement rebelle, d’après des sources concordantes à Rutshuru. Sans succès.
A cause de ces troubles, la vie socio-économique aux arrêts à Rutshuru centre et à Kiwanja, a indiqué société civile du Nord-Kivu. Son vice-président, Omar Kavota a confirmé ces affrontements de deux franges du M23:
«Nous affirmons haut et fort qu’il y a une crise leadership au sein du M23, à la suite du mauvais partage du butin (…) Nous voudrions que cela ne puisse encore faire des victimes dans les rangs des civils. On a déploré ce qui vient de se passer à Rutshuru. Nous ne voudrions pas voir pareille situation se reproduire.»
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Mais, les responsables du M23 ont avancé une autre version des faits. Pour eux, ce qui s’est passé la nuit derniere est une attaque des combattants rwandais des FDLR, venus de la région de Tongo.
Des militaires déserteurs issus de l’ex-CNDP avaient annoncé la création du Mouvement du 23 mars (M23), dimanche 6 mai 2012. Le but de ce mouvement politico-militaire, selon leurs initiateurs, est de redynamiser l’accord de paix signé en 2009 entre le gouvernement congolais et le CNDP. Depuis lors, le M23 a conquis plusieurs localités du Nord-Kivu, principalement dans le territoire de Rutshuru.
Depuis le 9 décembre 2012, le M23 et le gouvernement congolais sont en pourparlers de paix à Kampala sous l’égide de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Dimanche 24 février, onze pays africains ont signé un accord-cadre en vue du retour de la paix dans l’Est de la RDC en proie à des groupes armés nationaux et étrangers. Par cet accord, les pays de la sous-région se sont engagés notamment à ne plus soutenir les activités des groupes armés.
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