Les présidents des groupes parlementaires de l’opposition plaident pour « un dialogue républicain et inclusif » pour résoudre la crise dans l’Est de la RDC, rejetant les discussions entre le gouvernement et le M23 qui doit débuter ce vendredi à Kampala. « Ce dialogue inclusif » réunirait des représentants de la majorité, de l’opposition, de la rébellion du M23 et de la société civile sous la conduite de la communauté internationale. Il s’agit des groupes parlementaires MLC et alliés, UNC et alliés, UDPS et FAC ainsi que les Libéraux démocrates sociaux.
Les présidents de ces groupes parlementaires considèrent que « seules les solutions politiques et diplomatiques efficaces sont à même de mettre un terme définitif à cette crise ».
Dans une déclaration rendue publique, jeudi 8 décembre, ces parlementaires soutiennent que le dialogue de Kampala « n’a aucun fondement juridique et va à l’encontre de la constitution ». D’où leur refus d’y participer.
Ils justifient également leur refus de participer au dialogue de Kampala par « l’obligation faite à la délégation parlementaire (Assemblée nationale et Sénat) de participer aux négociations comme simple observateur ou témoin ». « Un non-sens », selon eux.
Ils reprochent aussi à la délégation gouvernementale d’avoir refusé de placer à l’ordre du jour de ce dialogue « les revendications politiques de l’opposition maintes fois rappelées ».
Deux députés de l’opposition, Christian Badibangi et François Mwamba, sont pourtant présents à Kampala pour assister aux discussions. Le premier justifie sa présence en Ouganda par son statut de député national. « Nous sommes là en tant que députés élus », explique-t-il, indiquant qu’il comptait jouer le rôle « d’observateur ».
De leur côté, les représentants de la société civile du Nord et Sud-Kivu qui prennent également part au dialogue de Kampala justifient leur présence par leur volonté de « défendre l’intégrité du territoire en péril ».
« La société civile n’est pas là pour choisir un camp mais nous sommes pour le peuple congolais et pour la défense de l’intégrité territoriale », confie le président de la société civile du Nord-Kivu, Thomas d’Aquin Muiti.
« Notre rôle est de donner le point de vue de la population pour que le gouvernement ne puisse pas donner un point de vue allant dans le sens d’obéir aveuglement à des demandes des agresseurs », ajoute-t-il.
Mais l’organisation de ce dialogue entre les rebelles du M23 et le gouvernement est diversement appréciée.
Dans un communiqué publié le 6 décembre dernier, les évêques catholiques se sont interrogés sur « la pertinence » de ce dialogue. Ils ont attiré « l’attention de tous ceux qui se rendront à Kampala sur les pièges de ces négociations ».
De leur côté, les organisations de la société civile ont protesté contre l’organisation de ce dialogue en Ouganda « qui est cité noir sur blanc dans différents rapports comme apportant un soutien » à ces rebelles.
Le dialogue entre le gouvernement congolais et le M23 doit débuter le vendredi 9 décembre. Il a été obtenu par les rebelles en échange de leur retrait de la ville de Goma qu’ils ont occupé pendant une dizaine de jours.
Mais le contenu et l’agenda de ce dialogue divisent les deux parties. Le gouvernement ne veut discuter que de l’application de l’accord du 23 mars 2009 que les rebelles revendiquaient l’évaluation au début de leur mouvement.
Les rebelles prévoient, eux, de parler aussi des questions politiques et juridiques ayant trait à la défense et à la sécurité, à l’économie, aux finances, au social et au développement.
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