Nord-Kivu: le M23 encore présent dans Goma malgré la fin de l’ultimatum de la CIRGL

Les rebelles du M23 lors de leur entrée dans la ville de Goma en novembre 2012.

Les rebelles du M23 n’ont pas quitté la ville de Goma malgré la fin de l’ultimatum de 48 heures que leur avaient lancé samedi dernier les chefs d’Etat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs réunis en sommet samedi 24 novembre à Kampala. Le colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire de cette rébellion, dit craindre pour la sécurité de la population civile si le M23 se retirait de la ville.

Les chefs d’Etat des Grands Lacs avaient exigé au M23 de se retirer de 20 km de Goma d’ici 48 heures et demandé au gouvernement congolais d’«écouter, examiner et répondre aux revendications légitimes du M23 ».

Vianney Kazarama a évoqué lundi la présence des miliciens Maï-Maï et des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) qui, selon lui, insécurisent les habitants. Les rebelles du M23 étaient encore visibles lundi dans la matinée dans les rues de Goma et dans certains lieux stratégiques comme les banques.

Les domiciles de certains officiers des Forces armées de la RDC (FARDC) sont toujours occupés par les dignitaires du M23, affirment des témoins.

Mais Vianney Kazarama affirme que seuls, l’administration du M23, la police de ce mouvement ainsi que son Etat-major sont encore présents dans la ville.

Selon lui, le gros des troupes du M23 se trouve à Mushaki, à plus de 30 km au Sud-Ouest de Goma, et vers Munigi, à 10 km au Nord de la ville.

Commentant l’ultimatum de la CIRGL aux rebelles du M23, le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda a indiqué que le gouvernement ne doute pas de la concrétisation du plan transmis aux responsables du M23.

«Les chefs d’Etat sont encadrés par leurs ministres de la Défense et les chefs d’Etat-major de leurs armées respectives. Ils ont donné ce délai, et le président en exercice de la CIRGL est en contact avec les uns et les autres y compris les leaderships politiques du M23. Je pense que toute considération faites, ils ont estimé que ce délai était raisonnable ».

Concernant la demande du M23 d’ouvrir des négociations directes avec le président Kabila avant tout retrait de Goma, Raymond Tshibanda a déclaré :

«Le M23, vous le savez, exige des négociations ouvertes avec le chef de l’Etat, des négociations qui devront s’ouvrir à la société civile, à la diaspora ainsi qu’aux forces politiques de l’opposition. Est-ce un début de blocage ? Sans doute, personne ne prétend qu’il n’y aura pas de blocage, mais le blocage est là pour être géré».

A l’issue du sommet de Kampala, les chefs d’Etat de la CIRGL avaient aussi décidé du déploiement d’une force composite comprenant une compagnie de la force internationale neutre, une compagnie des FARDC et une compagnie du M23 à l’aéroport de Goma, actuellement tenu par la Monusco.

Pour le financement de cette force internationale neutre, la RDC a promis d’y contribuer. Ce financement est estimé à 100 millions de dollars américains pour une année.

Les activités reprennent peu à peu

A Goma où les activités reprennent peu à peu, des habitants ne croient pas au retrait facile du M23. «Nous ne voyons pas comment ces rebelles peuvent se retirer si facilement tant que les négociations avec le gouvernement ne sont pas encore entamées», estime un habitant.

Ce lundi, les rebelles du M23 ont ordonné la réouverture de la succursale de la Banque centrale du Congo (BCC). Les responsables des banques privées, réunis la veille par les responsables de la rébellion, ont fait savoir qu’ils ne pouvaient reprendre du service que sur autorisation de la BCC. Ils ont également conditionné cette reprise par les garanties sécuritaires et la fourniture en courant électrique.

Le petit commerce et d’autres activités socio-économiques reprennent également.

La Direction générale des douanes et accises (DGDA) et la Direction générale de migration (DGM) fonctionnent déjà au niveau de la grande barrière, à la frontière rwandaise.

Mais beaucoup d’entreprises n’ont toujours pas repris du service.

Sur le chemin de l’école, peu d’élèves étaient visibles lundi matin. Des responsables d’écoles contactés parlent d’un élève sur dix qui s’est présenté.

Cette faible affluence s’expliquerait notamment par la situation sécuritaire et le déplacement des populations ayant fui les combats.

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