RDC: les 100 jours du gouvernement Matata

Le gouvernement Matata Ponyo totalise, ce vendredi 17 août, ses cent premiers jours depuis son investiture à l’Assemblée nationale. Devant les députés nationaux, le Premier ministre s’était engagé à réaliser à court terme des actions à impact visible dans six secteurs de base.

  • Budget et des finances
  • Défense et sécurité
  • Politique, diplomatie et secteur judiciaire
  • Modernisation des infrastructures de base
  • Economie et ressources naturelles
  • Social et amélioration des conditions de vie des populations

Economie et Finances

Le gouvernement a émis des nouvelles coupures du franc congolais sur le marché au début du mois de juillet. Des coupures dont la valeur faciale a été qualifiée d’”élevée” par certains analystes économiques alors que la Banque centrale parlait plutôt de coupures à valeur faciale “adaptée” à la situation monétaire de la RDC. Ces nouveaux billets, fabriqués en 2005, ont été mis sur le marché pour diminuer la circulation des grandes quantités des billets de banque, lutter contre la dollarisation de l’économie et réduire le coût de fabrication et de distribution des billets de banque.

De nombreux Congolais craignaient que la mise en circulation de ces nouvelles coupures n’entraîne la flambée des prix des biens et services. Cette situation était courante vers la fin des années 90 lorsque la banque centrale mettait sur le marché des nouveaux billets de banque. Cela n’a pas été le cas cette fois-ci. En revanche, les nouveaux billets se font rares. Après la sortie de ces billets, la Banque centrale avait indiqué qu’ils étaient disponibles auprès des banques commerciales et que ces dernières les utiliseraient pour les paiements, précisant qu’elle avait adopté la stratégie de la mise en circulation progressive des billets.

 

« Sur le plan strictement technique, il y a une condition essentielle : le volume global de la liquidité qui circule doit être en adéquation avec les besoins de l’économie. Ces nouvelles coupures  existent depuis un certain nombre d’années. Mais, il y avait une question d’opportunité. Nous estimons que maintenant, le moment est très opportun parce que nous avons une stabilité macroéconomique qui dure depuis deux années ». Patrice Kitebi, ministre près le Premier ministre délégué aux Finances.

 

Au cours de la même période, le gouvernement a rétabli la paie des enseignants par voie bancaire. Une pratique disparue en RDC depuis de nombreuses décennies. Cette opération vise essentiellement à maîtriser les effectifs au sein de la fonction publique et éliminer des listes de paie les fonctionnaires fictifs. L’expérience a recommencé notamment avec les enseignants du primaire et du secondaire. Jean-Louis Kayembe, le directeur général de la Banque centrale chargé de la politique monétaire et président du comité de suivi de la paie des fonctionnaires, a reconnu quelques “ratés” dans cette opération. Les noms de certains fonctionnaires ont été omis des listes de paie. Mais à l’en croire, environ 0,5% d’enseignants se retrouvent dans cette situation que sa structure promet de corriger. Quarante mille enseignants de Kinshasa étaient concernés par cette paie par la voie bancaire.

Autre fait qui marque ce secteur: le moratoire du gouvernement aux étrangers vivant en RDC pour cesser d’exercer le petit commerce, une exclusivité des seuls nationaux, selon la législation congolaise. Malgré cette interdiction, les étrangers continuent d’exercer le petit commerce dans plusieurs villes du pays.

La RDC a aussi adhéré à l’Ohada, l’organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique. En pratique, cette adhésion devrait se traduire notamment par la facilitation des conditions de création d’entreprises ou encore d’exécution des contrats. L’Ohada dote les Etats parties d’un même droit des affaires, simplifié et adapté à leur situation économique, en promouvant l’arbitrage comme instrument de règlement des différends ainsi que la formation des magistrats et auxiliaires de justice. Actuellement, la RDC occupe la 178è place sur 183 pays au classement Doing Business de la Banque mondiale qui répertorie les pays en fonction de la facilité d’y faire les affaires.

Défense, sécurité et diplomatie

La guerre dans l’Est de la RDC a détérioré sensiblement la situation humanitaire, jettant dans la rue des centaines de milliers des personnes. Le gouvernement, qui a rejeté des négociations avec la rébellion du M23, n’a pas réussi à la neutraliser par la voie militaire comme l’avait préconisé le Premier ministre Matata Ponyo après sa prise de fonction. Au cours d’une visite à Bunagana, poste-frontière avec l’Ouganda contrôlée juin depuis par le M23, il avait exclu toute possibilité de négociations avec les rebelles. Ces derniers ont par contre occupé plusieurs localités et installer une administration dans le Rutshuru.

A défaut d’une victoire militaire sur le terrain, la RDC a actionné sa diplomatie en portant plainte au conseil de sécurité de l’Onu contre le Rwanda qu’elle accuse de soutenir le M23. Un rapport préliminaire des experts de l’Onu a confimé les accusations de la RDC. Des nombreux bailleurs du Rwanda, avec en tête les Etats-Unis, ont réagi à ce rapport en suspendant leurs aides financières à ce pays.

 

« Il y a ces rapports qui ont été vérifiés et que la communauté internationale est en train de vérifier à son niveau faisant état des filières de recrutement des forces négatives qui insécurisent les Kivu à partir du Rwanda. Le Rwanda doit être tenu pour responsable de ces filières de recrutement sur son territoire », Lambert Mende, ministre des Médias et porte-parole du gouvernement.

 

Justice et droits humains

Les conditions des détenus dans les prisons demeurent préoccupantes.  Des journalistes et certains médias sont victimes d’attaques de la part de certaines autorités du pays ou d’emprisonnement.

Dans le secteur de l’énergie, les travaux de construction de la centrale hydroélectrique de Zongo II se poursuivent. A Kinshasa,  de nombreuses cabines de haute tension ont été dotées de nouveaux transformateurs. Mais les difficultés de la fourniture en électricité persistent dans la capitale de la RDC et dans les grandes villes du pays. A Kinshasa, le délestage a même été intensifié dans certains quartiers. Beaucoup d’autres connaissent toujours un problème de pénurie d’eau.

Concernant le volet social, les ménagères congolaises peinent toujours à remplir leurs paniers.

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