La police allemande a arrêté, mardi dans la région de Stuttgart, dans le sud-ouest de l’Allemagne, le chef des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), Ignace Murwanashyaka et son adjoint, Straton Musoni. Ils sont soupçonnés d’avoir exercé une “influence importante” sur les FDLR qui ont tué des civils en RDC. Cette arrestation aura un impact sur ces rebelles et doit servir de leçon aux autres pays qui hébergent les FDLR, a réagi à radiookapi.net, un analyste des questions sécuritaires dans la région des Grands Lacs, Jason Stearns.
Ignace Murwanashyaka est le leader symbolique des FDLR. «Il y avait beaucoup de preuves qu’il était en communication, presque chaque jour, par téléphone, avec le commandant suprême des FDLR sur le terrain. Il avait aussi de l’influence sur les militaires qui menaient des opérations sur le terrain», a précisé Jason Stearns. Pour lui, l’arrestation de Murwanashyaka aura un impact sur le moral de troupes des FDLR sur le terrain. Mais, cet impact doit être relativisé. Parce que, explique-t-il, Murwanashyaka aurait assumé, depuis 2005, la direction de ce groupe rebelle, qui existe depuis plus d’une dizaine d’années. En plus, « la plupart de soutiens financiers et militaires aux FDLR proviennent de sources sur place et pas d’ Ignace Murwanashyaka. Il ne faut pas croire que son arrestation va amener directement à la dissolution des FDLR.»
Cette arrestation constitue, en outre, un bon précédent pour que les autres pays, où les FDLR disposent de ramifications, commencent aussi à agir dans le même sens que les autorités allemandes. «On a documenté les réseaux des FDLR en RDC même (à Kinshasa, Lubumbashi, Bukavu, Goma…) mais aussi dans d’autres pays, comme la Tanzanie, la France, la Belgique et un peu partout », a ajouté M. Stearns.
Liste noire
Le procureur fédéral allemand a annoncé, mardi, l’arrestation d’Ignace Murwanashyaka, 46 ans, et de Straton Musoni, deux Rwandais suspectés d’avoir commandé les miliciens hutus qui ont commis des crimes humanitaires contre des civils congolais, entre janvier 2008 et juillet 2009. Des crimes dénoncés par les ONG des droits de l’Homme, dont Human Rights watch.
Depuis plusieurs années en effet, les autorités de Berlin suivent les mouvements de Murwanashyaka. Ce dernier avait déjà été arrêté puis relâché en 2006 en Allemagne, où il avait alors perdu son statut de réfugié politique. Parce que, explique Stearns, «il n’y avait pas assez de preuves. Cette fois-ci c’est une arrestation sur base d’appartenance à une organisation terroriste.» Les autorités allemandes veulent prouver qu’il est le chef d’une organisation terroriste et qu’il avait des troupes sous son commandement. Il savait que ses troupes commettaient des abus et n’y a rien fait pour les en empêcher, ajoute la même source. rnNé à le 14 mai 1963 à Ngoma, Butare (Rwanda), Ignace Murwanashyaka est le leader des rebelles hutu rwandais opérant dans l’Est de la RDC. Un rapport d’experts des Nations unies, publié en mai, atteste son implication directe (depuis février 2009) dans la coordination des opérations des FDLR. En novembre 2005, le Conseil de sécurité de l’Onu a pris des sanctions contre ces rebelles. Et Murwanashyaka a été inscrit sur une « liste noire » : gel des avoirs à l’étranger et interdictions de voyager.