Le président Joseph Kabila s’est fait identifier et enrôler comme électeur
dimanche dernier à l’Athénée de la Gombe, à Kinshasa. Ce geste suscite la polémique autour
de son appartenance à l’armée. Joseph Kabila est-il toujours militaire ou non? Car, selon la
loi, le militaire ou le policier en fonction n’est ni électeur ni éligible. Le porte-parole
du président de la République et un expert militaire en retraite s’expliquent à
radiookapi.net
D’après la Commission Electorale Indépendante (CEI), le nom de
Joseph Kabila ne figure pas sur la liste des officiers que lui a transmise le ministère de
la Défense il y a un mois.
Kudura Kasongo, porte-parole du chef de l’Etat, précise
que le président de la République n’est pas en fonction au sein de l’armée. « Il n’y a ni
doute ni confusion dans les esprits des Congolais… Le chef de l’Etat avait été nommé au
grade de général-major et à la fonction de chef d’état-major des Forces terrestres. Il a
donc le grade de général-major et non la fonction de général-major. En accédant aux
fonctions de chef de l’Etat en janvier 2001, il avait libéré ses fonctions de chef
d’état-major des Forces terrestres. Il est clair qu’il est militaire et il n’a pas de
fonction militaire.»
Kudura Kasongo affirme que le président Joseph Kabila
n’exerce aucune fonction militaire. Et de souligner que les militaires et les policiers en
fonction ne peuvent s’enrôler, d’après la loi sur l’identification et l’enrôlement des
électeurs. Pour lui, il y a une nuance de fond : bien qu’étant militaire, le chef de l’Etat
n’exerce aucune fonction militaire.
Enfin, le porte-parole précise que «le
mémorandum sur l’armée qui fait partie de l’Accord global et inclusif établit comme
structure militaire de défense le Haut commandement militaire. Et cette structure ne
comprend que les chefs d’état-major et non le président de la République.»
Non,
rétorque Jacques Ebenga, colonel à la retraite. Pour ce dernier, l’acte du chef de l’Etat
viole le caractère apolitique de l’armée, du fait que Joseph Kabila est un militaire en
activité.
«Il y a des militaires qui ne sont plus en activité mais qui sont
disponibles pour être affectés. Ces militaires pourraient aussi se prévaloir du cas de vote.
L’autre conséquence est que le chef de l’Etat pourrait se porter candidat aux élections et
voir sa candidature contestée car il n’aura pas de support qui témoigne de sa mise en
disponibilité ou de sa démission de l’armée», explique le colonel à la
retraite.
Dans sa réfléxion, Jacques Ebenga fait remarquer l’incompatibilité entre le
grade de général-major et la qualité d’électeur. En d’autres termes, poursuit-il, cette
qualité de militaire actif par son grade pose problème quand le chef de l’Etat se positionne
comme électeur. Et de conclure que le chef de l’Etat est un militaire actif par le fait
qu’il signe des actes officiels qui porte son grade et qu’il porte la tenue militaire.