Revue de presse du lundi 6 avril 2015
Le Phare se penche ce lundi sur ce qu’il qualifie de « drôle d’affaire » qui est en train de prendre corps depuis que le ministre de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab, a confirmé l’existence d’une fosse commune au cimetière Fula-Fula, à Maluku, dans la banlieue Est de Kinshasa.
Ce membre du gouvernement a tout de suite pris soin de préciser qu’il s’agissait de personnes indigentes et non des victimes des événements du 19 au 21 janvier 2015 dans la capitale de la RDC, écrit le journal.
Le quotidien révèle également citant toujours le ministre de l’Intérieur que l’opération d’inhumation de plus de quatre cents corps avait été menée par l’Hôtel de Ville de Kinshasa, à la suite d’une demande expresse des responsables de la morgue centrale de l’Hôpital général de Référence de Kinshasa ( ex-Mama Yemo), inquiets de la présence prolongée en ce lieu des corps abandonnés et non identifiés, dont des mort-nés.
Tout en saluant « le souci d’Evariste Boshab de jouer la carte de la transparence », Le Phare pointe cependant des zones d’ombres qui subsistent dans le dossier.
En effet, analyse le confrère, l’enterrement, dans une même fosse, de plus de quatre cent personnes inconnues, sans familles et sans ressources, aurait paru normal s’il avait été précédé d’une large publicité, dans le but de permettre à d’éventuels proches parents ou connaissances de passer par la morgue de l’ex-Mama Yemo pour s’assurer que les leurs ne se trouvaient pas dans le tas. Il n’y aurait rien à redire si l’Hôtel de Ville de Kinshasa avait intéressé les organisations non gouvernementales nationales et internationales des droits de l’homme, la justice, les médias, la Croix-Rouge, etc.
Une information préalable de l’opinion tant nationale qu’internationale au sujet d’un nombre aussi élevé d’indigents morts aurait peut-être donné lieu à moins de spéculations, même s’il est difficile, pour le commun des mortels, d’accepter pareille situation, juge le journal.
Sur le même sujet, L’Avenir rapporte que le ministre de l’Intérieur a démenti les allégations faisant état de l’inhumation à Maluku des personnes tuées lors des manifestations de l’opposition de janvier dernier contre la loi électorale.
« Le 19 mars 2015, la morgue centrale, comme d’habitude, a écrit à l’Hôtel de ville puisqu’il y avait un nombre important des indigents et tout corps qu’il y avait, on ne savait où les mettre, il fallait à tout prix organiser l’enterrement. Le vœu exprimé par la morgue centrale, l’inhumation se fait très tôt soit tard dans le soir au moment où l’on n’enterre plus personne», écrit le journal qui cite Evariste Boshab.
Pour le journal, « ce démenti justifie aux yeux des ONG tant nationales qu’internationales que le gouvernement de la RDC n’a rien à cacher aux yeux de l’humanité, car travaillant dans la transparence la plus totale ».
Si le doute persiste, insiste Evariste Boshab, le gouvernement est prêt à exhumer tous les corps enterrés à Maluku pour des examens et autopsie approfondie, écrit encore le quotidien.
Pour sa part, La Prospérité revient sur la prestation de serment des membres de la Cour constitutionnelle.
La grande cérémonie de prestation de serment des membres de cette Cour et du Parquet Général près la Cour Constitutionnelle a eu lieu en la salle de Congrès du Palais du Peuple, sous la présidence de Joseph Kabila Kabange, relate le journal.
Le quotidien rappelle les compétences de cette cour. La Cour constitutionnelle est chargée du contrôle de la constitutionnalité des lois et des actes ayant force de loi. Il en est de même des lois organiques, avant leur promulgation, et les Règlements intérieurs des Chambres parlementaires et du Congrès, de la Commission électorale nationale indépendante ainsi que du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, avant leur mise en application. Ils doivent être soumis à la Cour constitutionnelle qui va se prononcer sur leur conformité à la Constitution.
La Prospérité fait également savoir que la Cour constitutionnelle est la juridiction pénale du Chef de l’Etat et du Premier ministre dans les cas et conditions prévus par la Constitution. Elle est aussi le juge pénal du Président de la République et du Premier ministre pour des infractions politiques de haute trahison, d’outrage au Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour les délits d’initier et pour les autres infractions de droit commun commises dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
Au sujet de cette Cour constitutionnelle, L’Avenir soutient qu’à travers son investiture, Joseph Kabila consolide la démocratie.
Pour le journal, l’apport de cette cour est indispensable dans le vaste chantier de la réforme territoriale de l’Etat. Le quotidien souligne également la mission « hautement politique » de la Cour constitutionnelle qui va juger les contentieux des élections présidentielle et législatives.
Plusieurs journaux publient une tribune de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito intitulé « La RDC, un Etat sans budget ».
Le Potentiel qui publie cette tribune rappelle que l’ancien Premier ministre avait précédemment noté que la RDC fonctionnait sans provinces.
Muzito considère cette fois-ci que le pays est géré sans un budget agrégé mais avec des budgets juxtaposés du gouvernement central, des provinces et entités.
Il fait remonter cette absence de budget à 2012. L’ancien Premier ministre place sa réflexion dans la perspective de l’installation des 26 provinces.
Depuis 2012, écrit-il, aucune instance politique n’a programmé l’installation de nouvelles provinces qu’il s’agisse du gouvernement central à travers son budget, que des provinces à démembrer elles-mêmes, à travers les leurs.