Kinshasa : les 2 Kivu, Roger Lumbala(opposition) salue la loi sur l'amnistie

Roger Lumbala

Roger Lumbala

Bien que boycottant encore les séances parlementaires, certains députés de l’opposition saluent le vote, samedi dernier par l’Assemblé nationale, de la loi sur l’amnistie pour faits de guerre et insurrectionnels commis dans les 2 provinces du Kivu. Le cas de Roger Lumbala, président de l’ODR (Ordre des démocrates républicains), groupe parlementaire allié au MLC, rapporte radiookapi.net

« Si nous voulons la paix, nous devons aller avec l’amnistie pour permettre à tous les acteurs politico militaires qui sont sur terrain et qui ne se sentent pas sécurisés, afin qu’ils mettent fin aux exactions et aux troubles qui se passent au niveau de l’Est de la République Démocratique du Congo », a déclaré à Radio Okapi Roger Lumbala. « Je suis heureux d’apprendre que la loi a été adoptée, mais s’il faut l’élargir en tenant compte de certains troubles dans d’autres coins de la République Démocratique du Congo, nous aurons tout le loisir de le faire aussi », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que, pour l’instant, la zone trouble « qui nous reste en République Démocratique du Congo, c’est à l’Est de notre pays ». « Nous devons faire un effort, parce que nos frères et sœurs qui sont là bas souffrent. Nous souhaitons absolument que ce peuple puisse retrouver la paix et la tranquillité », a insisté l’ancien ministre du Commerce.

Notons que la loi sur l’amnistie votée le week-end dernier par les députés nationaux exclut le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Les faits amnistiés sont ceux commis pendant la période allant de juin 2003 à la date de la promulgation de cette loi.

Les Maï-Maï Mongol approuvent aussi

Du coté de Goma, le groupe politico – militaire Maï-Maï Mongol approuve aussi l’action de l’Assemblée nationale. Selon le coordonnateur de ce mouvement, les députés nationaux sont restés dans le strict respect de l’acte d’engagement signé à la Conférence de Goma, le 29 janvier 2008.

Bunia : un autre son de cloche pour l’UPC

En revanche, en Ituri, si l’Union des patriotes congolais (UPC), parti politique issu de l’ancien groupe armé de Thomas Lubanga, approuve le principe d’amnistie, elle trouve néanmoins sélective cette loi dans le sens qu’elle limite ses effets au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Son président intérimaire John Tinanzabo, député provincial, déplore donc le fait que le gouvernement ait oublié l’Ituri, malgré les promesses faites aux groupes armés dans les négociations de paix. Il explique : « Le gouvernement sait pertinemment bien qu’il a commencé à négocier la paix en Ituri. Toutes les phases de désarmement qui ont commencé avec le processus de Dar es-salaam le 16 mai 2003, et qui ont déclenché la démobilisation et la désarmement et évolué avec d’autres mouvements résiduels qui se sont intégrés et ont signé des accords dans ce sens là. Il était question que le gouvernement amnistie les chefs de ces groupes. Dans les prisons à Bunia, que ce soit à Kisangani ou à Kinshasa, il y a des éléments des groupes armés qui ont été arrêtés pour ces faits là. Aujourd’hui qu’il y a une loi qui est votée pour le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, quel sera le sort de ceux-là ? Ce serait discriminatoire. Cette loi devrait incorporer tout le processus tel qu’amorcé par le gouvernement, à partir de l’Ituri jusqu’au Nord-Kivu et pourquoi pas dans le Bas-Congo. Il y a encore des gens qui sont dans la brousse en Ituri, dès que ces gens se rendent compte que chaque fois ils sont oubliés, ils risquent de continuer à perturber la sécurité, tout simplement par peur d’être récupérés et être amenés en prison pour des faits insurrectionnels. »

Kisangani : des ONG de droits de l’Homme pas d’accord

Au chef-lieu de la province Orientale, plusieurs voix des ONG de droits de l’Homme ont exprimé leur désapprobation totale. Pour le groupe « Justice et libération », il n’est pas acceptable que l’on signe des lois particulières sur l’amnistie, tant qu’il y a des groupes de gens qui continuent à prendre des armes à travers presque tout le pays, contre les institutions issues des élections. Pierre Kibaka, son président s’explqiue: » Bien que l’amnistie soit l’un des mécanismes de la justice transitionnelle, nous pensons quant à nous, activistes de droits de l’Homme, que cette loi ne pouvait pas concerner seulement ceux qui ont commis des faits infractionnels dans le Nord et le Sud-Kivu ». Le président de cette organisation estime que le vote des lois particulières risque encore d’entamer la réconciliation nationale.

Deuxième observation, selon Pierre Kibaka, la Constitution de la troisième République en vigueur depuis le 18 février 2006 interdit formellement la formation des milices et l’utilisation des armes contre les institutions légalement établies. « C’est quand même curieux de constater que des milices se créent au jour le jour, les gens prennent des armes contre le pouvoir légalement établi par les élections. Nous ne pouvons pas accepter qu’on puisse continuer à signer des lois sur l’amnistie », a déclaré le président du groupe « Justice et libération ».