13 Juin 2007 – 13 juin 2008, un an s’est écoulé depuis que notre confrère Serge Maheshe est mort, abattu dans une rue de Bukavu par des hommes armés.
Au moment où se commémore ce vendredi ce triste anniversaire, l’opinion a encore frais en mémoire les deux longs procès qui ont suivi immédiatement cet assassinat, procès qui ont fait en tout 40 audiences débutées dès le 14 juin 2007 au Tribunal militaire de garnison de Bukavu pour terminer à la cour militaire de Bukavu siégeant en appel. Mais tout d’abord, un retour sur ce qui s’était passé exactement ce jour fatidique du 13 juin 2007.
Aux environs de 21h30, ce 13 juin 2007, Serge Maheshe et Serge Muhima étaient accompagnés sur la route par leur ami Alain Mulimbi à qui ils rendaient visite,. Devant le mini bus de radio okapi que conduisait Maheshe, 2 hommes en civil les avaient alors dépassés, pour revenir sur leurs pas et braquer une arme sur eux, leur exigeant de s’asseoir par terre. Serge Maheshe avait alors essayé de parlementer avec ses bourreaux, et tenté aussi d’appeler la sécurité de la Monuc. Du coup, l’homme armé avait ouvert le 1er coup de feu, qui sera suivi par 2 autres, et tous avaient atteint la victime, notamment au thorax et au bras gauche. Pris de peur, les 2 amis de la victime, et témoins du meurtre s’étaient alors cachés pour revenir sur le lieu après le départ des tueurs. Ils avaient trouvé Serge Maheshe gisant par terre. Avec l’aide des voisins, notre confrère sera amené à l’hôpital, où il succombera de suite de ses blessures. Le lendemain après l’incident, la police avait bouclé le quartier, fouillé des maisons et interpellé plusieurs personnes, dont 2 militaires des forces navales considérés comme les principaux suspects de l’assassinat. A noter que ces explications viennent des différentes audiences lors du procès ouvert le 14 juin 2007.
Assassinat de Serge Maheshe : 2 procès, 40 audiences
Les deux procès sur l’assassinat de Serge Maheshe ont fait en tout 40 audiences. Mais comment ces procès se sont-ils déroulés ?
4 personnes dont les 2 amis de Serge Maheshe, Alain Mulimbi et Serge Muhima avaient été condamnées à la peine capitale pour association de malfaiteurs, et les 2 auteurs matériels de l’assassinat, sur base de leurs propres aveux. C’est là le verdict tombé le 28 août dernier, au 1er degré. Des aveux sur lesquels les 2 tueurs reviendront dans une lettre de rétractation un mois après leur condamnation a mort. Suite aux nombreuses irrégularités enregistrées lors de ce procès au tribunal militaire, et dénoncées par la Monuc et les ONG des droits e l’homme, le procès sera rouvert en février, mais cette fois à la cour militaire de Bukavu. Après 3 autres mois d’audiences, le verdict tombe le 21 mai dernier. Les 2 amis de Serge Maheshe sont acquittés parce qu’aucune preuve de leur culpabilité n’avait été établie selon la cour militaire. Par contre, trois personnes dont 2 déjà condamnées à mort au premier degré avaient été reconnues coupables. Ainsi la cour militaire avait maintenu Freddy Bisimwa et Mugisho Rwezangabo comme responsables de la mort de Serge Maheshe. Rappelons qu’au total, 40 procès ont eu lieu autour de cet assassinat, dont 21 au tribunal militaire et 19 à la cour militaire.
JED : des zones d’ombre demeurent
Une réaction par rapport à ce jour d’anniversaire de l’assassinat de Serge Maheshe, elle est de JED, Journaliste en Danger. Cette ONG de défense et promotion de la liberté de presse estime que bien que des personnes aient été condamnées, il demeure encore des zones d’ombres quant aux commanditaires de l’assassinat. Pour le secrétaire général de JED, les gouvernants doivent libérer la justice et faire des assassinats des journalistes des crimes contre l’humanité.
Fondation Hirondelle : la vérité attend toujours
Une autre réaction est de la Fondation Hirondelle qui gère Radio Okapi en partenariat avec la Monuc, Mission des Nations Unies en RDC. Dans un communiqué publié hier, cette fondation suisse rappelle que toute la lumière n’a pas encore été faite sur cette affaire et réitère sa demande d’une enquête approfondie et d’investigations plus larges, car estime la FH, la vérité attend toujours il y a un an.