EcoNews : « Joseph Kabila a enfin brisé le silence »

Revue de presse de lundi 19 juin 2023

 

La prise de parole de l’ancien Président Joseph Kabila, vendredi 16 juin et l’interdiction de Matata Ponyo de voyager samedi 17 juin, font la Une des journaux parus ce lundi 19 juin à Kinshasa.

EcoNews écrit :

« Depuis son départ de la présidence de la République en janvier 2019 dans ce qui est passé dans l’histoire comme «la première passation pacifique et civilisée du pouvoir», Joseph Kabila est resté muré dans le silence. Un mutisme qui, à la longue, en a exaspéré plus d’un, jusque dans les hauts cercles du pouvoir ».

« Ni le mot fameux de Jean-Yves Le Drian évoquant de « petits arrangements à l’africaine », ni la rupture de la coalition FCC-CACH suivie du renversement de la majorité parlementaire en pleine législature, ni la pénurie de farine de maïs dans l’ex-Katanga et le Kasaï ; ni l’occupation de larges pans de la province du Nord-Kivu par le M23 et encore moins les interdictions répétées des manifestations pacifiques de l’opposition et les récentes perquisitions des propriétés privées, parfois en l’absence d’inculpation de leurs propriétaires ne l’ont fait sortir de sa réserve devenue légendaire. Jusqu’à ce vendredi 16 juin, à six mois des élections supposément prévues le 20 décembre, où il s’est enfin exprimé devant une brochette de cadres du FCC qui lui sont restés fidèles », poursuit ce journal.

Promettant de s’adresser bientôt à ses compatriotes congolais, il n’en a pas moins esquissé les grandes lignes de sa future déclaration que déjà les tenants du pouvoir qualifient de «non événement», renchérit EcoNews.

Pour l’essentiel, Joseph Kabila a exprimé sa grande préoccupation quant aux violations de la Constitution et des lois qui, selon lui, se sont érigées en mode de gestion, rapporte Congo Nouveau.

Il ajoute que les observations du sénateur à vie partent du clash fatidique entre le FCC et CACH à la suite des ordonnances présidentielles faisant des mises en place dans la haute magistrature, ordonnances prises dans l’ignorance totale du Premier ministre de l’époque, Ilunga Ilunkamba, qui avait été envoyé en mission dilatoire à Lubumbashi.

Kabila revient aussi sur le « coup d’État constitutionnel » de décembre 2020 qui avait renversé la majorité de l’époque. Il rejette catégoriquement la thèse de blocage soutenue à l’époque et insiste sur la dérive autocratique enclenchée alors. C’est pour cela qu’il réitère la position de sa famille politique de ne pas prendre le départ pour le processus électoral actuel qu’il qualifie de chaotique et frauduleux, note le trihebdomadaire.

« La souveraineté du pays a été bradée avec plus de 5 armées étrangères sur le territoire national, qui contrôlent ensemble avec les rebelles et les groupes armés plusieurs territoires de notre pays. Tout ceci n’existait pas en janvier 2019 lors de la passation pacifique du pouvoir, il n’existait pas un groupe rebelle appelé M23», a cogné le Raïs, non sans évoquer le tribalisme, l’exclusion ainsi que l’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité…, révèle, quant à lui, Africa News.

La Prospérité, pour sa part, rapporte la réaction de l’opposant Moise Moni Della à la sortie médiatique de Joseph Kabila. 

 « Je pense que Kabila doit, avant toutes choses, demander pardon au peuple congolais, eu égard aux nombreux crimes contre l’humanité, crimes politiques et économiques perpétrés pendant son règne. Je le dis en tant que l’un des témoins oculaires et auriculaire, sinon un rescapé, de certains de ces crimes », a declaré Moni Della.

Et de poursuivre :

« Les Congolais ne sont pas amnésiques pour oublier les nombreuses violations des droits de l’homme d’hier, encore moins la dictature naissante d’aujourd’hui incarnée par mon frère Fatshi. Kabila va parler, pour dire quoi ? Je crois il n’a rien à dire. Il est responsable de la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays. Il est le concepteur du « compromis à l’africaine » qui a permis la passation «pacifique», mystique, abracadabrante et rocambolesque du pouvoir ».

Pourquoi ce retour de Joseph Kabila sur la scène médiatique, s’interroge Forum des As.

Pour le quotidien, Joseph Kabila n'avait plus le droit au silence. Dans la dernière ligne droite en perspective de la présidentielle et des législatives annoncés pour le 20 décembre prochain, "l'autorité morale" du Front commun pour le Congo (FCC), qui demeure une structure qui pèse sur la vie congolaise malgré la défection de très nombreux députés et sénateurs qui ont succombé aux mallettes de billets verts et aux voitures de luxe distribuées par la présidence de Tshisekedi, devait fixer un cap s'il veut conserver ceux qui lui sont restés fidèles.

Matata Ponyo interdit , samedi, de quitter Kinshasa

La République revient sur l’interdiction, samedi 17 juin, au sénateur de Matata Ponyo de voyager par l’aéroport de Ndjili. Pour ce journal,  l’interdiction de quitter Kinshasa infligée au Sénateur Augustin Matata Ponyo « est un ingrédient qui vient consolider, si besoin en est, la hargne du pouvoir à sortir l’épée contre l’expression démocratique dans ce pays ».

Mais la DGM contredit Matata, note L’Avenir qui affirme :

« La Direction Générale de Migration (DGM), dans un communiqué parvenu à notre rédaction, a indiqué qu’elle n’a jamais empêché le Sénateur Matata Ponyo Mapon de voyager qui, par ailleurs, s’est présenté en retard à l’embarquement ».

« La Direction Générale de Migration précise qu’elle n’a pas retenu ses pièces d’identité qui ne lui ont pas été présentées lors des formalités du Vol n°BU1251 de la compagnie CAA de ce samedi 17 juin 2023 à destination de Goma via Kindu », précise ce communiqué de Charles-Hubert Kitenge Hemedi, directeur de cabinet du Directeur général de la DGM, dont une copie est parvenue au journal L’Avenir.

« Dans la soirée, l’on apprendra que le Sénateur Matata Ponyo a quand même pris son vol pour l’Est du pays. C’est ici que nombreux se sont demandés, pourquoi cette façon de se victimiser, pour par après diaboliser les autorités congolaises ? Même si nous sommes en politique, celle-ci a ceci d’encourager l’utilisation des armes légales. Car, diaboliser son propre pays pour des besoins purement électoralistes, est diabolique », commente ce quotidien.