L’ONG Human Rights Watch demande dans un communiqué publié ce mercredi 9 février aux autorités de la RDC à mener une enquête approfondie sur le meurtre d’au moins 66 autochtones Iyeke dans le secteur de Bianga, du territoire de Monkoto (Tshuapa), en février 2021.
Du 1er au 3 février 2021, rappelle l’ONG, des centaines d’assaillants de l’ethnie Nkundo ont tué plusieurs dizaines de villageois autochtones Iyeke, dont au moins 40 enfants, 22 hommes et 4 femmes, et en ont blessé beaucoup d’autres dans huit villages.
Les assaillants ont également brûlé plus de 1 000 maisons, ainsi que des écoles, des églises et des centres de santé, selon des survivants, des témoins, des groupes de la société civile et des responsables provinciaux.
Les autorités ont initialement ouvert une enquête, mais n’ont pas mené de recherches sur le terrain. Un an plus tard, personne n’a été inculpé pour ces tueries, qui n’ont pratiquement pas fait l’objet de couverture médiatique, regrette HRW.
Deux personnes ont été jugées et acquittées de moindres chef d’accusations, et l’affaire est désormais close.
« Le silence entourant les tueries effroyables des villageois Iyeke et le fait que personne n’en soit tenu responsable soulignent la discrimination de longue date dont sont victimes les populations autochtones en RD Congo. Les autorités congolaises devraient reconnaitre l’échec de poursuivre quiconque pour meurtre, mener une enquête approfondie et poursuivre de manière équitable tous les responsables de ces massacres », a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal sur la RD Congo à Human Rights Watch.
Les conclusions de Human Rights Watch reposent sur une mission de recherche, effectuée en octobre 2021 dans le territoire de Monkoto, dans l’ouest du pays. Human Rights Watch a interrogé 44 personnes, notamment des survivants Iyeke et témoins des attaques, des villageois Nkundo, du personnel judiciaire, des activistes de la société civile, des membres du Parlement, des responsables provinciaux et du personnel militaire.
Les Iyeke – un peuple autochtone faisant partie de la communauté Batwa – et les Nkundo vivent dans des villages séparés mais voisins, disséminés sur un tronçon d’une centaine de kilomètres qui forment le secteur reculé de Bianga, en bordure du parc national de la Salonga, dans la province de la Tshuapa. L’accès à la terre et la servitude pour dettes sont au cœur des tensions de longue date entre les deux groupes.