Un activiste des droits de l’homme résidant dans la commune de la Nganza dans la ville de Kananga a affirmé lundi 3 avril avoir dénombré une centaine de morts après l’opération de ratissage menée par les forces de l’ordre pour rechercher de présumés miliciens dans cette ville du centre de la RDC. Des corps en décomposition ont été retrouvés dans certaines maisons, a-t-il fait remarquer.
«Les droits de l’homme sont actuellement bafoués dans la commune de Nganza. Nous sommes en train de passer à un génocide volontaire. Avant-hier, il y a plus de huit corps sur l’avenue Nganza. Il y a papa Kena Nkudia qui a fait pratiquement huit jours dans la maison. On l’a enterré presque totalement décomposé. Il y a John Kanyinda qu’on a trouvé presque décomposé. Il y a encore beaucoup de gens qu’on a trouvé. Mon bilan personnel c’est 148 personnes hormis les gens qui ont été pris par les militaires tout justes après les avoir tués. Plus de deux cents personnes sont portées disparues », affirme l’activiste des droits de l’homme qui a requis l’anonymat.
D’autres témoignages recueillis par Radio Okapi faisaient état des dizaines de personnes tuées la semaine dernière dans différentes communes de la ville de Kananga au Kasaï-Central. Les communes de Nganza et Katoka ont été les plus touchées lors de cette opération de recherche des présumés miliciens par les forces de l’ordre.
Des témoins affirment avoir aperçu un camion arrivé la nuit du jeudi 24 mars dans le village Mulumba Tshianji dans le groupement de Fwamba à 100 km au Sud-Ouest de la ville de Kananga. Des hommes parlant lingala ont sorti de ce véhicule une vingtaine des corps qu’ils ont enterrés dans ce village.
«Dans le groupement de Bena Fwamba, dans le village Mulumba Tshanji, c’était à une heure du matin. On a vu un camion venir. Ceux qui étaient là sont sortis et ils ont creusé à peu près 28 puits. Ils parlaient le lingala. Ils ont récupéré des sacs dans le véhicule pour enterrer dans chaque puit derrière la maison d’une veuve. Le matin quand on a découvert, les gens du village ont pris fuite mais la veuve elle garde sa cabane», rapporte un autre témoin.
Les autorités militaires ainsi que de la police, contactées par Radio Okapi pour donner leur version des faits, n’ont pas voulu commenter la situation.
La Commission diocésaine de communication sociale de Kananga, une structure de l’église catholique, avait dénoncé « les tueries et pillages » que commettent les forces de l’ordre dans la commune de la Nganza, dans la ville de Kananga.
Dans un communiqué publié le 30 mars et intitulé «carnage des forces loyalistes dans les trois communes sur cinq de la ville de Kananga», cette commission a déploré le «comportement inacceptable des forces de l’ordre à l’endroit des citoyens congolais innocents ».