Revue de presse du mardi 24 mai 2016
Les journaux de Kinshasa reviennent sur les recommandations des ministres des Affaires étrangères au gouvernement de la RDC pour un processus électoral apaisé et crédible. Ils reviennent aussi sur le rapport confidentiel des experts électoraux onusiens qui estiment que, sous certaines conditions, l’élection présidentielle est encore possible dans les délais constitutionnels en RDC.
Au cours de leur réunion de lundi 23 mai, les ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne ont lancé un avertissement contre les radicaux qui bloquent le processus électoral et réduisent chaque jour l’espace politique en RDC, rapporte Le Phare.
Les chefs des diplomaties de l’UE ont exhorté le gouvernement congolais et toutes les parties prenantes, dont la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni), à favoriser des conditions compatibles avec la tenue d’élections libres, transparentes, inclusives et pacifiques, avec en point de mire la présidentielle et les législatives nationales, rapporte le journal.
«Tout en prenant acte de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle du 11 mai 2016, l’Union Européenne souligne qu’un gouvernement démocratique fonde sa légitimité sur des élections régulières et dans les délais stipulés par la Constitution», lit-on dans le communiqué final rendu public et relayé pat le quotidien.
Le tabloïd fait remarquer que l’UE demande à la Ceni de «communiquer, dans les plus brefs délais, un calendrier électoral révisé et des options qui permettent aux divers acteurs politiques de se prononcer sur la situation » et recommande aux acteurs politiques représentatifs de participer « d’urgence à un dialogue politique bref et précis afin d’arriver rapidement à un consensus».
Ce dialogue divise déjà les participants. Le facilitateur est boudé par certains acteurs qui exigent déjà son départ. Forum des As renseigne que Steve Mbikayi de la Nouvelle Classe Politique et Sociale(NCPS), une plateforme de l’opposition favorable au dialogue, estime qu’au lieu de faciliter la tâche aux Congolais, Edem Kodjo est devenu un «complicateur».
Il demande au facilitateur du dialogue de quitter le sol congolais avant le 30 mai courant, sinon un «sit-in de toute l’opposition pro-dialogue sera organisé devant son bureau pour exiger son départ le plus rapidement possible», rapporte le journal. Pour la NCPS, conclut Forum des As, désormais, la sagesse et la neutralité du Facilitateur sont sujettes à caution.
La Prospérité voit plutôt en la démarche de Steve Mbikayi un règlement de compte. «Le Facilitateur ayant pris la NCPS pour une quantité négligeable, Mbikayi va le lui faire payer», commente le tabloïd. Le journal constate que Mbikayi n’attend plus rien du diplomate togolais, partial à ses yeux, pas assez outillé pour débloquer la crise du processus électoral. Il envisage, d’ailleurs, précise le quotidien d’écrire à la Présidente de la Commission de l’Union Africaine, Mme Zuma, pour solliciter le remplacement de Kodjo.
L’Avenir choisit l’extrait où Mbikayi rappelle qu’au Burundi Edem Kodjo a été remercié par la classe politique dans la facilitation de la crise politique pour ses positions très proches du pouvoir de Nkuruziza. En RDC, poursuit Mbikayi, il sera aussi renvoyé suite à « ses prises de positions très proches d’un parti de l’opposition (l’UDPS) et de la confusion qu’il entretient autour de son rôle de facilitateur».
Les journaux commentent aussi les divergences de vues entre la Ceni et le rapport confidentiel des experts électoraux onusiens qui estiment que, sous certaines conditions, l'élection présidentielle est encore possible dans les délais constitutionnels.
Forum des As indique que l’équipe des experts électoraux de l’ONU qui était en mission en RDC vient de rédiger un rapport confidentiel sur le processus électoral et sa substance prend à contrepied les affirmations de la Ceni en indiquant qu’il est possible de tenir le pari par en organisant la présidentielle dans les délais constitutionnels, c’est-à-dire en novembre prochain, dans quelque 7 mois.
Cependant, précise le journal, cet exploit ne peut être concrétisé que sans une nouvelle opération de révision du fichier électoral. On irait alors aux élections avec le fichier de 2011 qui n’intègre pas les nouveaux majeurs et les Congolais de la diaspora, conclut le tabloïd.
Une vision des choses à laquelle la Ceni est opposée, révèle L’Avenir.
«D’ailleurs, les travaux conjoints Ceni-Mission d’évaluation ont été sanctionnés par un procès-verbal rédigé et endossé par les deux parties à la seule différence que les experts des Nations Unies ont refusé de signer le PV pour des raisons qui leur sont propres et la CENI n’a pas souhaité rendre publiques les conclusions de ce PV», rapporte le quotidien qui rend compte de la frustration des responsables de la Ceni.