Près de cinq cents étudiants de la République du Congo vivant à Kinshasa ont regagné leur pays d’origine samedi 26 avril dans l’avant midi à partir du Beach Ngobila. Même si ces retournés disent ne pas être autorisés à parler à la presse, certains parmi eux ont indiqué que c’est par crainte de représailles qu’ils ont choisi de retourner à Brazzaville.
Visiblement, ce n’est pas de gaieté de cœur que ces étudiants quittent Kinshasa en interrompant leurs études au cours de l’année pour retourner à Brazzaville.
A leur entrée dans le bateau pour Brazzaville, ces étudiants Congolais (Brazzaville) ont demandé aux autorités des deux pays de « régler leurs problèmes politiques ».
« Réglez vos problèmes politiques, nous on revient pour les études, même demain ou après demain on reviendra », ont-ils affirmé.
Mais en attendant, ils n’ont pas de choix, disent-ils, craignant la vengeance de la part des Congolais de Kinshasa, qui pourraient être solidaires avec leurs compatriotes refoulés dans des conditions inhumaines de Brazzaville.
La police de Brazzaville mène depuis plus de deux semaines l’opération «Mbata ya mikolo» (gifle des aînés, en français) pour arrêter et expulser des étrangers présumés criminels. Plus d’un millier de ressortissants de la RDC ont été refoulés dans des conditions peu commodes dans le cadre de cette opération. Certains Kinois arrivés à Kinshasa déplorent des cas de viol et autres exactions dont ils sont victimes.
Pour ne pas favoriser des débordements lors du rapatriement des étudiants de Brazzaville, les autorités de la RDC ont encadré cette opération.
Le vice-ministre des Affaires Etrangères, Célestin Ntunda wa Kasende a indiqué que Kinshasa veut que ce rapatriement volontaire « se passe dans l’ordre ».
« Je crois qu’ils ont été sécurisés, ils ont été accompagnés jusqu’ici au bateau. Et ils vont renter dans de bonnes conditions. Il appartient aux autorités politiques de deux pays qui sont en train de dialoguer pour régler la question », a-t-il déclaré.
Entre temps, un nombre important de congolais ont regagné Kinshasa le même samedi par le Beach de la Société congolaise des transports et ports (SCTP).
Ils ont été accueillis par le Premier ministre Matata Ponyo, quelques membres de son gouvernement et le gouverneur de la ville de Kinshasa.
Un des expulsés explique pourquoi ils ont quitté Brazza :
« Nous voudrions continuer à rester, mais ce qui nous a fait peur, ce sont des chefs des blocs qui sont venus dire que tous les Zaïrois quittent d’eux-mêmes avant que l’opération « Mbata ya mukolo » n’arrive, voilà pourquoi nous avons fuit ».
Le gouvernement a mis à la disposition de ces expulsés quelques bus Transco pour assurer le transport des retournés de la RDC.
« Passivité de Kinshasa »
De son côté, la Nouvelle société civile congolaise (NSCC) dénonce ce qu’elle qualifie de passivité du gouvernement de Kinshasa. Son coordonnateur, Jonas Tshombela, estime que les autorités de Kinshasa semblent être insensibles face aux traitements inhumains dont sont victimes les ressortissant congolais à Brazzaville.
« Nous dénonçons la passivité de Kinshasa. L’assemblée nationale, le Sénat, même l’assemblée provinciale de Kinshasa, toutes ces institutions sont incapables d’agir sur des situations qui concernent leurs compatriotes, nous ne sommes pas protégés », a affirmé Jonas Tshombela.
Pour lui, lorsqu’un Congolais est en séjour irrégulier dans un autre pays ne donne pas lieu au traitement inhumain.
« Nous n’acceptons pas que cette situation continue de façon permanente de cette manière là. Ils reprochent à nos compatriotes d’y être dans des conditions irrégulières », ajoute Joans Tshombela, avant de s’interroger :
« Est-ce que les lois de ce pays là disent que quand quelqu’un est dans une situation irrégulière il faut lui infliger un tel type de traitement »?
Ainsi, il demande que les autorités prennent des mesures qui s’imposent pour sécuriser les compatriotes qui vivent en dehors de la RDC.
« Nous sommes extrêmement inquiets et préoccupés sur leur sort. Tout ce que nous demandons ce que nos compatriotes qui se retrouveraient dans ces conditions soient reconduits dans des frontières et dans des conditions des droits humains et dans des conditions humaines », a poursuivi le coordonnateur de la NSCC.
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