Congo: les expulsions des Congolais de la RDC gagnent Pointe Noire

Des familles refoulées de Brazzaville cherchant à rejoindre leurs proches le 24/04/2014 à l’entrée principale de l’ex- port Onatra à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Des centaines de Congolais de la RDC refoulés du Brazzaville continuent à débarquer au Beach de l’Onatra à Kinshasa. Selon des expulsés qui sont arrivés vendredi 25 avril à Kinshasa, au moins 180 personnes en provenance de Pointe Noire sont déjà arrivés à l’ambassade de la RDC à Brazzaville, attendant eux aussi leur rapatriement à Kinshasa. Entre temps, une centaine d’étudiants du Congo (Brazzaville) ont regagné leur pays vendredi 25 avril. Ils disent craindre des représailles qui pourraient suivre la vague d’expulsion.

Plusieurs expulsés se disent victimes de «traitements inhumains à Brazzaville, en violation du droit humanitaire international.» Ce qui pousse d’ailleurs nombreux ressortissants de la RDC à quitter volontairement Brazzaville.

Ces cas de refoulement touchent également les Congolais de la RDC qui habitent la ville de Pointe Noire. Des expulsés ont témoigné avoir vu des véhicules transportant environ 180 Congolais de la RDC habitant Pointe Noire. Ils se sont dirigés vers l’ambassade de la RDC à Brazzaville, d’où ces derniers attendent de descendre au Beach pour le rapatriement à Kinshasa.

A l’issue d’une réunion du gouvernement vendredi 25 avril à Kinshasa, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej a déclaré à Radio okapi que le gouvernement a pris des décisions importantes à ce sujet :

« Wait and see ! Il y a d’autres dispositions que nous venons de prendre. Vous verrez ce que nous ferons. Mais il ne faut pas considérer que nous sommes sur un ring de boxe où pour un coup il faut répondre par un coup. Nous sommes dans un contexte où il y a des règles », a souligné le ministre de l’Intérieur.

Dimanche dernier, le vice-président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Dismas Kitenge, dénonçait la procédure de ces expulsions et les traitements infligés aux expulsés,  demandant à Kinshasa de protester officiellement auprès de Brazzaville.

«Ces ressortissants [de la RDC] sont expulsés de manière qui laisse à désirer. Ces personnes sont parfois brutalisées, d’autres sont torturées. Ça ne devrait pas se passer comme ça », avait dénoncé Dismas Kitenge.

Depuis plus de deux semaines, la police de Brazzaville mène l’opération «Mbata ya mikolo» (gifle des aînés, en français) pour arrêter et expulser des étrangers présumés criminels. Plus d’un millier de ressortissants de la RDC ont été refoulés dans le cadre de cette opération.

Les expulsions se poursuivent, malgré les ballets diplomatiques engagés par les autorités de Kinshasa de l’autre côté du fleuve Congo. Pourtant, le vice-ministre des Affaires étrangères de la RDC, Célestin Tunda wa Kasende, de retour d’une mission de Brazzaville le 10 avril dernier, avait annoncé que les autorités de deux pays avaient convenu de la suspension provisoire de l’opération « Mbata ya mikolo».

Cette nouvelle vague intervient après la visite du ministre de la RDC des Affaires étrangères à Brazzaville. Il était porteur d’un message de Joseph Kabila à son homologue Dénis Sassou Nguesso, dont le contenu de message n’avait pas été révélé à la presse. Mais plusieurs sources estimaient qu’il pourrait s’agir d’une réaction de Kinshasa aux expulsions de ses ressortissants.

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