Seule la liste de bénéficiaires déterminera s’il y a eu violation de la loi sur l’amnistie. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende l’a déclaré jeudi 27 mars en réaction au communiqué publié mercredi dernier à Kampala et signé par Benjamin Mbonimpa en tant que secrétaire exécutif du M23. Ce document indique que des cadres de l’ex-mouvement rebelle qui avaient décidé de rentrer en RDC pour bénéficier de la loi d’amnistie, ont été arrêtés par les services des renseignements.
Selon le communiqué de l’ex-M23, huit de ces cadres ont été arrêtés à Goma (Nord-Kivu) et deux à Kinshasa.
Les responsables de l’ex-mouvement rebelle dénoncent aussi une tentative de monnayage de la mise en liberté de ces cadres faits prisonniers et bénéficiaires, selon eux, de la loi d’amnistie promulguée par le chef de l’Etat en février dernier. Ils estiment qu’il s’agit là d’une violation des engagements pris par la gouvernement à Nairobi (Kenya), au terme des pourparlers de paix entre Kinshasa et l’ex-rébellion.
De son côté, le porte-parole du gouvernement préfère attendre la publication de la liste de bénéficiaires avant de se prononcer sur une éventuelle violation de la loi sur l’amnistie.
«Peut-être faut-il nous dire de qui il s’agit. Est-ce que ces gens-là ne font pas partie de la centaine, clairement identifiée comme non amnistiable ? Est-ce qu’ils ne sont pas poursuivis par des sanctions internationales?», se demande Lambert Mende.
Dans tous les cas de figure, le ministre Mende estime que le M23 étant dissout n’a plus le droit de s’exprimer en son nom:
« Si vous m’aviez dit que il y a des avocats ou des membres de la famille de ces dix personnes qui auraient été arrêtées, qui ont développé un argumentaire contre cette arrestation, j’aurais compris. Mais, le M23, ça sort d’où ? Je pensais que le M23 avait signé à Nairobi qu’il n’existait plus. Donc eux-mêmes seraient autorisés à violer leurs engagements?»
Le chef de l’Etat congolais a promulgué en février dernier la loi sur l’amnistie pour faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques, quelques jours après son adoption au Parlement. Cette amnistie couvre la période du 18 février 2006 au 20 décembre 2013.
Le gouvernement s’était engagé à promulguer cette loi dans la déclaration signée pour clôturer les pourparlers de Kampala avec le M23.
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