La Police nationale congolaise ne mène pas une opération pour tuer les bandits organisés en gangs dans la ville de Kinshasa et surnommés « kulunas ». C’est ce qu’a déclaré à Radio Okapi le mardi 26 novembre le conseiller en communication du Commissaire général de la police, colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu. Depuis deux semaines, des habitants de plusieurs quartiers de la capitale congolaise rapportent que des policiers tuent nuitamment ces bandits.
Le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu affirme que l’opération « Likofi » (coup de poing) menée par la police consiste plutôt à arrêter des bandits et à les déférer devant la justice.
« La loi fondamentale nous a donné comme mission de sécuriser la population mais nous n’avons pas reçu la mission de porter atteinte à la vie des personnes qui est sacrée », explique-t-il.
Le conseiller en communication du Commissaire général de la police demande à ceux qui accusent la police de tuer des bandits sans attendre la procédure judiciaire d’apporter des preuves.
« Des débordements, s’ils peuvent arriver c’est à mettre dans le domaine de la gestion des risques », ajoute-t-il cependant, affirmant que l’opération est soutenue par les habitants de Kinshasa.
Evoquant l’origine de cette opération, l’officier de police fait savoir qu’elle a été décidée au regard de l’insécurité créée par les groupes de bandits dans plusieurs quartiers de Kinshasa.
« Il y a eu l’ordre public qui a été perturbé depuis un certain temps, ce qui a amené l’autorité suprême à prendre des mesures contraignantes afin d’ordonner à la police d’éradiquer le phénomène et de démanteler les réseaux des différentes écuries [gangs]», indique-t-il.
Le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu estime que le premier bilan de l’opération « LIkofi » est plutôt positif.
« Il y a une quiétude qui s’est installée dans la ville », affirme-t-il.
L’opération « Likofi » lancée le 15 novembre doit être conduite jusqu’au 15 février 2014.
« La vie est sacrée »
Tout en saluant l’initiative du gouvernement de réprimer l’action des bandits à Kinshasa, l’Association africaine de défense des Droits de l’homme (Asadho) et le Réseau national des ONG des Droits de l’homme de la République Démocratique du Congo (Renadhoc) recommandent à la police de ne pas procéder à des exécutions sommaires des présumés bandits.
« Le fait que le gouvernement ait pris la décision de mettre fin à ce phénomène qui a endeuillé beaucoup de familles, c’est une bonne initiative. Je suis d’avis que les populations particulièrement de Kinshasa qui sont contentes de cette action du gouvernement ont tout à fait raison compte tenu des abus commis par ces jeunes gens », a déclaré le président de l’Asadho, Jean-Claude Katende.
Mais, a-t-il poursuivi, « l’Etat ne peut pas supprimer la vie d’un citoyen en violation des formes qui sont prescrites par notre constitution ».
Pour sa part, le directeur exécutif du Renadhoc, Fernandes Murhola, a expliqué que l’Etat avait l’obligation de garantir la sécurité de toute la population congolaise. Mais, a-t-il déploré, « ce qui est inacceptable ce sont les exécutions sommaires et extrajudiciaires qui ont accompagné et continuent à accompagner cette opération qu’on appelle Likofi ».
« La vie est sacrée », a-t-il conclu.
Les kulunas sont des bandits généralement constitués en bandes qui s’en prennent à des passants à coup de machettes et d’autres armes blanches dans les rues de plusieurs quartiers de Kinshasa.
Ces bandits se livrent au racket et au vol. Ils sont aussi réputés pour les batailles qu’ils se livrent entre eux.
A la tombée de la nuit, ils s’en prennent à des passants, leur ravissant argent, portables et sacs. Ils n’hésitent pas à blesser gravement leurs victimes pour les obliger à leur donner tout ce qu’elles possèdent.
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