Dans un rapport publié mercredi 8 mai, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) accuse les militaires congolais et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) d’avoir commis des graves violations des droits de l’homme lors de l’offensive de cette rébellion contre la ville de Goma et pendant son occupation en novembre 2012. Les crimes mentionnés dans ce rapport ont été commis entre le 15 novembre et le 2 décembre 2012.
Au terme d’une offensive lancée le 15 novembre, les rebelles du M23 ont occupé Goma, ville stratégique de la province du Nord-Kivu avant d’avancer jusqu’à Sake, obligeant les militaires congolais à se replier dans la localité de Minova.
Le rapport de l’Onu recense pour cette période 135 cas de violences sexuelles perpétrées par des militaires congolais dans la ville de Minova et ses alentours alors qu’ils battaient en retraite. Parmi les victimes, figurent 33 jeunes filles âgées de 6 à 17 ans.
Le document rapporte également que des soldats des FARDC sont entrés dans des maisons, les ont pillées, et ont violé les femmes et les filles qui se trouvaient à l’intérieur, commettant également d’autres actes de violence physique dans de nombreux cas.
« Ces militaires ont également été responsables de l’exécution arbitraire d’au moins deux personnes, des violations des droits à l’intégrité physique d’au moins 24 civils, de plusieurs cas de travail forcé et des pillages généralisés dans les villages », a déclaré mercredi Scott Campbell, directeur du BCNUDH au cours de la conférence hebdomadaire des Nations unies à Kinshasa.
Selon le Bureau conjoint des nations unies aux droits de l’homme, « le manque de discipline parmi des soldats et des officiers de l’armée peut être expliqué en partie par l’intégration récurrente d’anciens rebelles dans l’armée nationale sans formation adéquate et par l’inexistence de mécanisme de contrôle approprié ».
Le rapport du BCNUDH met également en cause les rebelles du M23 dont « plusieurs dirigeants seraient responsables de violations graves des droits de l’homme, qui remontent souvent à de nombreuses années ».
Alors qu’ils occupaient Goma et Sake, indique le document, ces rebelles se sont rendus responsables d’au moins 59 cas de violences sexuelles.
L’enquête de l’Onu a également documenté au moins 11 exécutions arbitraires, des cas de recrutement d’enfants et de travail forcé, des traitements cruels, inhumains et dégradants et des pillages commis par des combattants du M23.
« Les responsables de ces crimes doivent savoir qu’ils seront poursuivis », a indiqué, pour sa part, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.
«Les violences sexuelles décrites dans le présent rapport sont particulièrement effroyables, tant par leur ampleur que par leur caractère systématique. Les efforts déployés récemment par les autorités de la RDC pour enquêter sur ces violations dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu sont une étape importante vers l’obligation de rendre des comptes. Mais il reste encore beaucoup à faire pour rendre justice aux victimes et pour rétablir la confiance de la population civile dans le système judiciaire congolais », a-t-elle ajouté.
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