Acquitté «définitivement» en février dernier par la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien milicien congolais Mathieu Ngudjolo ne souhaite pas retourner en RDC. Dans un entretien accordé le week-end dernier à Radio Okapi, son avocat craint que son client, une fois rentré au pays, puisse avoir des démêlés avec le régime de Kinshasa qu’il a chargé lors de son procès à la Haye. Les Pays-Bas ont de nouveau refusé d’accorder l’asile à Mathieu Ngudjolo que la CPI poursuivait pour enrôlement d’enfants soldats et massacres perpétrés à Bogoro, en Ituri (Province Orientale). De son côté, le porte-parole du gouvernement assure que M. Ngudjolo «n’a causé aucun préjudice au pouvoir.»
Mathieu Ngudjolo est encore en Hollande, selon sa famille et les membres de la communauté Lendu, qui disent n’avoir aucune autre information sur lui.
Me Jean-Pierre Kilenda, le conseil principal de Mathieu Ngujolo reconnait que son client est détenu jusqu’aujourd’hui au centre de rétention pour demandeur d’asile au Pays-Bas après un rejet de sa demande.
Mathieu Ngudjolo avait formulé en février dernier «une deuxième demande d’asile. Avant-hier, le Conseil d’Etat néerlandais a décidé définitivement qu’il n’y avait pas de motif, pour lui octroyer l’asile aux Pays Bas, parce que, d’après les juridictions hollandaises, il ne court aucun risques en cas de retour en République démocratique du Congo.»
Pourtant l’avocat craint le contraire : «une persécution en cas de son retour, parce que, lors de son procès, il [Mathieu Ngudjolo] a mis la République démocratique du Congo en cause pour la planification notamment du massacre de Bogoro.»
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Pour le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, Mathieu Ngudjolo a été acquitté par la CPI et il ne comprend pas pourquoi il craint de rentrer au Congo. Selon lui, l’avocat de l’ancien chef du Front nationaliste et intégrationniste cherche à justifier la demande d’asile de son client au Pays-Bas.
Lambert Mende affirme que Kinshasa ne peut pas se sentir offusqué par les déclarations de cet ancien chef milicien devant la CPI:
«[Mathieu Ngudjolo] n’a causé aucun préjudice au pouvoir, puisqu’il n’y a aucune accusation contre lui concernant Bogoro. Alors le pouvoir l’aurait poussé à faire quoi, puisqu’il a été acquitté, pour les problèmes qui se sont déroulés à Bogoro. Simplement, il veut justifier sa demande d’asile en Hollande, puisqu’il croit que là-bas, c’est le paradis…»
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Mathieu Ngudjolo avait été arrêté à Kinshasa au début de 2008 avant d’être transféré à la CPI. Il était accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en 2003 lors de l’attaque contre la localité de Bogoro en Ituri. Selon le procureur de la CPI, près de 200 personnes seraient mortes lors de ce massacre.
Mathieu Ngudjolo avait été militaire dans l’armée zaïroise avant de déserter en 1996. Il était promu colonel en 2007 et avait quitté l’Ituri pour un centre de formation des officiers militaires à Kinshasa, où il avait été arrêté moins de trois mois plus tard.
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