Au lendemain de l’expulsion des Pays-Bas de trois témoins congolais qui ont témoigné dans le procès de Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga à la Cour pénale internationale (CPI), le porte-parole du gouvernement congolais estime que la question de leur sécurité en RDC était un prétexte pour se soustraire à la justice congolaise. Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Mbodina et Manda Charif avaient demandé asile aux Pays-Bas, disant craindre pour leur vie après avoir incriminé le président Joseph Kabila dans leur témoignage et refusaient d’être renvoyés dans leur prison à Kinshasa.
Pour Lambert Mende, cet argument était un prétexte pour échapper à la justice congolaise.
« Nous savons que pendant leur séjour là-bas, ils ont essayé d’échapper à leurs juges en prétendant qu’ils ont témoigné à charge du président Kabila de sorte qu’ils mériteraient un asile politique parce que s’ils revenaient on les mettrait en prison ou on les tuerait », fait savoir le porte-parole du gouvernement congolais.
Lambert Mende indique que ces témoins ne pouvaient pas témoigner à charge du président Kabila puisque ce dernier n’était pas poursuivi par la CPI.
«On ne témoigne à charge ou à décharge de quelqu’un que si cette personne est poursuivie devant une instance judiciaire. En l’espèce, M. Kabila n’est pas poursuivi par la CPI. Ces messieurs ont été appelés pour témoigner à charge ou à décharge de M. Germain Katanga », soutient-il.
Pour Lambert Mende, il est normal que ces 3 personnes rentrent en prison puisqu’elles y aient été avant d’aller témoigner à la CPI.
« Nous allons voir ce qui va arriver »
L’un des avocats des trois Congolais, Me Peter Ngomo, dit attendre ce qui va arriver maintenant que ses clients sont rentrés en RDC. A l’en croire, les autorités congolaises « ont tout fait pour qu’ils puissent rentrer dans leur pays ».
Mais il indique que plusieurs avocats sont mobilisés pour suivre la suite de la procédure.
« Il est vrai qu’ils avaient demandé asile aux Pays-Bas. Ça n’a pas marché parce que les autorités congolaises ont tout fait pour qu’ils puissent rentrer dans leur pays. Ils y sont rentrés. Par rapport à l’insécurité, nous allons voir ce qui va arriver. De toutes les façons, que ça soit ici ou au niveau de la Haye, les avocats sont mobilisés pour les suivre », explique-t-il.
L’avocat s’inquiète également de la durée de détention de certains de ses clients qui auraient déjà passé 9 ans en prison sans être jugés.
Floribert Ndjabu, Célestin Mbodina et Manda Charif ont été arrêtés à Kinshasa en 2005. Ils sont poursuivis pour l’assassinat de 9 casques bleus de l’Onu dans un village d’Ituri.
En mars 2011, la justice congolaise les a mis à la disposition de la CPI pour déposer comme témoins.
Après leurs témoignages, ils ont demandé asile aux Pays-Bas. Mais le Conseil d’Etat néerlandais avait décidé le 27 juin dernier que les trois témoins pouvaient être renvoyés dans leur pays. Les juges avaient estimé que la RDC avait fourni suffisamment de garanties quant à leur sécurité, notamment qu’ils ne seraient pas condamnés à mort.
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