Les avis de l’opposition congolaise divergent quant aux négociations directes entre le Gouvernement, le M23 et l’AFC, prévues ce mardi à Luanda sous la médiation du président angolais João Lourenço.
Moïse Katumbi, leader d'Ensemble pour la République, salue cette initiative et plaide pour un dialogue inclusif. Il s'est dit favorable à une participation active afin de favoriser un retour durable à la paix en RDC.
Katumbi avait déjà exprimé samedi 15 mars, sa disposition à prendre part à un dialogue sincère et constructif sous l’égide des médiateurs régionaux de l’EAC, de la SADC, ainsi que des institutions nationales comme la CENCO et l’ECC :
« Nous prenons acte des appels à l’ouverture d’un dialogue inclusif réunissant les autorités de Kinshasa, les forces d’opposition armée et non armée, ainsi que la société civile congolaise », avait-il déclaré.
Martin Fayulu, autre figure emblématique de l’opposition, partage également cette position favorable à un dialogue inclusif entre le Gouvernement et les rebelles du M23/AFC. Il a exhorté toutes les parties prenantes à soutenir cette initiative portée par la CENCO et l’ECC. « Nous exprimons notre profonde gratitude au président angolais pour son engagement résolu dans la recherche d’une solution durable à la crise sécuritaire et politique en RDC », avait-il écrit récemment sur son compte X.
Fayulu a réitéré son appel pressant au peuple congolais et aux parties prenantes pour qu'ils appuient ce qu’il qualifie de « dialogue de Kinshasa », promu dans le cadre du Pacte social pour la paix et le vivre-ensemble en RDC.
Les divergences
En revanche, le Front commun pour le Congo (FCC), plateforme dirigée par l’ancien président Joseph Kabila, rejette ces pourparlers. Selon Lucain Kasongo, secrétaire permanent adjoint du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et le développement), « Le FCC considère le M23 comme un partenaire direct du président Félix Tshisekedi », évoquant un désaccord entre les deux parties sur le respect des engagements.
De son côté, Jean-Marc Kabund, ancien allié de Félix Tshisekedi devenu opposant, estime que toute négociation avec le M23 est prématurée tant que les troupes rwandaises restent présentes en RDC.
Enfin, Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 et candidat à l’élection présidentielle de 2023, a critiqué toute tentative de réduire le conflit dans l’Est de la RDC à une simple question interne. Selon lui, dialoguer sous la menace des armes reviendrait à légitimer l’agression et l’occupation illégale. Mukwege appelle plutôt à une Conférence internationale pour galvaniser une volonté politique forte aux niveaux national, régional et international.
Pendant ce temps, l’AFC/M23 a annoncé qu’elle boycottera les pourparlers prévus à Luanda ce mardi 18 mars, dénonçant les sanctions imposées par l’Union européenne contre plusieurs de ses dirigeants.
Malgré ce boycott, Kinshasa maintient sa délégation pour ces négociations.