Le Gouvernement a noté, mardi 28 janvier, plus de 500 mille nouveaux déplacés dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, en ce mois de janvier, à la suite de la guerre menée par le Rwanda et ses supplétifs.
La ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba a livré ces chiffres lors de son intervention à la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, tenue à New York (Etats-Unis).
« La situation humanitaire continue de se dégrader avec plus de 500 mille nouveaux déplacés dans les provinces du Nord et Sud-Kivu pour le mois de janvier. Les forces de défense rwandaises ont franchi nos frontières et chassé nos compatriotes et instauré une administration parallèle en violation du droit international humanitaire », a-t-elle fait savoir.
La cheffe de la diplomatie congolaise n’a pas caché sa surprise de constater que le régime de Kigali continue de faire fi des recommandations du Conseil de sécurité.
Pour cela, elle a demandé au Conseil de brandir des sanctions contre le Rwanda.
« Nous attendons des sanctions. Si le Conseil ne sanctionne pas, l’histoire marquera ce temps comme l’époque de l’impuissance et de l’indifférence du Conseil de sécurité. Laisser cette crise s’enliser sous prétexte qu’elle serait un problème africain nécessitant une solution africaine, revient à trahir l’esprit de solidarité internationale ».
Thérèse Kayikwamba a une fois de plus sollicité du Conseil de sécurité le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, la mise en place des sanctions ciblées aux chaines de commandement des ADF et décideurs rwandais, l’imposition d’un embargo sur les ressources naturelles déclarées rwandaises et la révocation du Rwanda en tant que membre du Conseil.
La ministre congolaise des Affaires étrangères dit redouter que la rue puisse se charger de cette situation sécuritaire dans l’Est de la RDC si le Conseil échoue.
Condamnation de la France
Le représentant de la France au Conseil de sécurité de l’ONU a condamné la prise de la ville de Goma (Nord-Kivu) par les rebelles, avec le soutien actif du Rwanda.
« A l’heure où nous parlons, le M23 prend le contrôle de Goma avec le soutien actif du Rwanda. Cela doit constituer un signal d’alerte pour ce Conseil comme cela avait été le cas il y a 12 ans. Le risque de contagion régional est réel. La prise de Goma comporte un risque majeur pour la sécurité des personnes et elle conduit au déplacement de centaine de milliers de personnes. Il est impératif d’y mettre un terme ».
Le diplomate français a également condamné fermement l’offensive du M23. Il a demandé à ce groupe rebelle de se retirer des territoires dont il a pris le contrôle. Il a estimé nécessaire que le soutien aux groupes armés puisse cesser. Pour Paris, la priorité reste le retour au cessez-le-feu et la reprise du dialogue entre Kinshasa et Kigali. « La France exprime sa solidarité à la RDC et son attachement à son intégrité territoriale et a sa souveraineté. Le dialogue engagé dans le cadre du processus de Luanda et de Nairobi doit reprendre sans délais », a-t-il poursuivi.
La France affirme son soutien à la MONUSCO et condamne des attaques menées par le M23 à son encontre et qui ont conduit à la mort de plusieurs casques bleus.
Hommages aux soldats de la paix tombés
Le Sierra Leone a rendu hommage aux casques bleus qui ont succombé sur le champ d’honneur et a appelé à une désescalade immédiate des tensions à Goma et ses environs. « Nous appelons le M23 à cesser son incursion et aux deux parties à la retenue pour garantir la protection des civils. Il est fondamental que tous les efforts soient déployés de la part de la MONUSCO et d’autres acteurs pour protéger la population. Nous exhortons le Gouvernement de la RDC à briser son lien avec les FDLR », a souligné le diplomate sierraléonais.
Plaidoyer pour l’accès aux humanitaires
Le Royaume Unis a affirmé sa préoccupation face aux évènements en cours dans l’Est de la RDC notamment à la suite de l’occupation de la ville Goma par le M23 avec l’appui des forces de défense rwandaise. Selon son représentant au Conseil de sécurité, l’avancée de ces troupes rebelles a poussé plus d’un million de personnes à quitter leurs foyers dans le Nord et Sud-Kivu.
Ce pays de l’Union européenne a également exprimé ses inquiétudes face aux capacités limitées des acteurs humanitaires à apporter le secours aux déplacés en cas de besoin. « Nous appelons toutes les parties à ne pas faire obstacle aux acteurs humanitaires, en garantissant la liberté des civils. Les casques bleus continuent de mettre leurs vies en danger et nous rendons hommage aux dirigeants de la MONUSCO », a-t-il déclaré.
La Russie, elle, a promis d’utiliser toutes ses possibilités au Conseil afin de juguler l’escalade et stabiliser la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Dans son intervention, la représentante des Etats-Unis a encouragé le Conseil de sécurité à envisager des mesures pour stopper l’avancée du M23. Selon elle, le Rwanda et la RDC doivent reprendre les négociations pour trouver des issues pacifiques à leur conflit. « Nous applaudissons le courage dont font preuve les casques bleus. La communauté internationale doit agir maintenant et mettre fin aux combats ».
Pour sa part, la Chine a manifesté son soutien à l’intégrité territoriale de la RDC, en appelant le M23 à cesser toutes les hostilités dans l’Est.
« La Chine espère que le Rwanda entendra l’appel du Conseil de sécurité et va retirer ses militaires du sol de la RDC, condamnant les attaques contre les casques bleus de la MOMUSCO.
Pour le diplomate chinois, il n’existe pas de solutions militaires dans le conflit de l’Est de la RDC, mais plutôt diplomatiques.
L’Afrique du Sud a pour sa part, proposé que l’ONU puisse renforcer la MONUSCO afin de lui permettre d’assurer sa mission de protection des populations.