New-York : la cheffe de la diplomatie congolaise révèle les trois obstacles qui freinent le processus de Luanda

La ministre des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba, a présenté mardi 8 octobre à New York trois obstacle qui freinent le processus de Luanda. C’était devant le Conseil de sécurité des Nations Unies lors de la séance d'information sur la région des Grands Lacs et la mise en œuvre de l'accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région.

Le premier obstacle est lié au plan harmonisé pour la neutralisation des FDLR et le désengagement des forces.

« Ce plan repose sur deux volets : l’un pour la neutralisation des FDLR et l’autre pour le retrait des forces rwandaises. Dès avril 2024, la République Démocratique du Congo a élaboré son plan de neutralisation des FDLR avec précision et incluant une évaluation complète de la menace, des opérations militaires et un suivi rigoureux des résultats. En revanche, la contribution du Rwanda, sur le retrait des forces, se résume à une simple promesse de retrait, sans garanties ni détails concrets, créant un déséquilibre qui compromet l’application cohérente du plan », a expliqué Thérèse Kayikwamba.

La cheffe de la diplomatie congolaise révèle que le Rwanda conditionne son retrait à la neutralisation des FDLR, « un chantage qui viole les principes fondamentaux du droit international ». Pour que ce processus ait du sens, il est impératif que les deux volets soient mis en œuvre de manière concomitante, précise- t-elle.

« Seule cette simultanéité peut assurer la crédibilité et l’efficacité d’un plan qui aspire à restaurer la paix dans la région », a conclu Mme Kayikwamba.

Absence de sincérité et de confiance

Le deuxième obstacle qui freine le processus de Luanda est lié au fait que « le Rwanda rejette toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix, ce qui soulève de graves interrogations sur la sincérité de son engagement envers la paix ».

Thérèse Kayikwamba rappelle que la RDC accepte pleinement d’être tenue responsables de nos actes. Car, argumente-t-elle, le principe de responsabilité est le socle de toute résolution de conflit.
Il impose à chaque partie de respecter scrupuleusement ses engagements, avec rigueur et sincérité.

« Lorsqu’un accord est violé, le principe commande des conséquences claires et sans équivoque, qu’il s’agisse de sanctions ou de poursuites judiciaires, pour que justice et droit international ne soient pas de simples mots, mais des réalités. Sans responsabilité, il ne peut y avoir ni confiance, ni paix durable », a rappelé Thérèse Kayikwamba.

Nécessité d’un mécanisme de justice régional

En ce qui concerne le troisième obstacle, la République Démocratique du Congo réaffirme la nécessité impérative d’un mécanisme de justice régional, pour répondre aux violations flagrantes du droit international commises depuis la résurgence du M23 en 2022.  
 
« Le Rwanda refuse catégoriquement l’inclusion de toute disposition visant à intégrer ce mécanisme dans l’accord de paix actuellement en discussion. Ce refus obstiné dévoile, sans ambiguïté, l’intention du Rwanda d’échapper à la lumière de la Justice », rappelle Thérèse Kayikwamba.

Elle a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures fermes, en imposant des sanctions ciblées contre les individus rwandais au sommet de la chaîne de commandement, impliqués dans le soutien au M23.

Le Rwanda rejette tout en bloc.
« Le groupe M23 actuel n’est pas venu en RDC depuis le Rwanda. Ils sont venus de l’Ouganda. En quoi le M23 devient alors un problème du Rwanda. La RDC doit mettre en place un véritable leadership pour résoudre ses crises internes », a déclaré  le représentant rwandais au conseil de sécurité de l’ONU.

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