GENOCOST à Kisangani : douleur et révolte à la suite des témoignages de ceux qui ont perdu des êtres chers et opportunités

La commémoration ce vendredi 2 août à Kisangani du 2e anniversaire du Génocide congolais pour des gains économiques (GENOCOST) a été marquée par des témoignages des personnes qui ont perdu des êtres chers, mais aussi des membres de leurs corps et des opportunités, à la suite de différentes guerres.

Ces témoignages poignants de quelques victimes venues, outre de la ville de Kisangani, du Nord et Sud-Kivu ainsi que du Kongo-Central, ont été suivis par des participants à cette cérémonie.

Il était difficile de retenir ses larmes en suivant ces témoignages inédits. Mamie Utshudi a perdu sept membres de sa famille au 1er jour de la guerre de six jours à Kisangani.

Une histoire de bombe

Toto Folo, elle, est amputée de ses deux jambes à la suite d’une tombée sur leur maison.

« J'avais 9 ans, élève en 3ème année primaire, lorsque les armées ougandaise et rwandaise se sont affrontées à Kisangani. C'est ce jour-là qu’une bombe a saccagé notre maison et j'ai perdu mes deux jambes. Je souffre à cause des inconnus. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça? », s’interroge-t-elle.

Une autre victime du Nord-Kivu a effectué plusieurs centaines de Km, fuyant les soldats rwandais avant finalement de perdre quatre de ses enfants après qu’une bombe est tombée sur sa tente.

« Une bombe est tombée sur ma tente. J’ai perdu quatre de mes enfants : trois filles et un garçon. Je voudrais que l’Etat congolais puisse tenir compte de tout ça et nous ramener la paix. Je n’ai plus de force. Je vis grâce à mes frères. J’ai tout perdu », témoigne-t-il alors que des larmes ne cessaient de couler de ses yeux.

Des viols qui frustrent

Une quatrième victime venue du Sud-Kivu a perdu ses parents avant de tomber victime de viol commis par 27 soldats rwandais, au Nord-Kivu

« Je me suis retrouvée en face de 24 hommes armés, tous Rwandais. Ils m’ont violé un à un. J’ai eu l’aide de quelqu’un qui était véhiculé. Il m’a amené dans un hôpital à Bweremana. Là encore, j’ai rencontré des hommes armés. Trois m’ont violée », se rappelle-t-elle.

La dernière victime, en provenance du Kongo-Central, dit avoir récupéré partiellement sa santé. Toutefois, elle poursuit les soins à Kinshasa grâce au FONAREV.

GENOCOST en bref

La Journée commémorative du génocide congolais est événement annuel présenté par les organisateurs comme un geste de respect pour rendre hommage à tous ceux qui ont perdu leurs vies dans la longue histoire des conflits de la RDC.

Le GENOCOST est une initiative du Congolese Action Youth Platform (CAYP) [ Ndlr : la plateforme d’actions de jeunes Congolais],  mise en place pour la reconnaissance du Génocide contre la population de la République Démocratique du Congo. Cette campagne avait pour but, la reconnaissance officielle de la date du 02 août comme un jour de commémoration en souvenir de tous ceux qui ont été perdus dans notre longue histoire de violence au Congo.

 GENOCOST signifie « le génocide pour des gains économiques ». C’est une combinaison de Génocide et coût, selon les organisateurs. Ils affirment avoir choisi ce terme pour expliquer la nature économique du génocide en RDC.

Mais l’option de commémorer le Génocide congolais pour des fins économiques a été levée lors de la 5e réunion du Conseil des ministres, présidée par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, vendredi 12 juillet courant. Dorénavant, peuple congolais devrait passer ladite journée dans la méditation, en souvenir des millions de nos compatriotes victimes de l’insécurité entretenue par le Rwanda et l’Ouganda dans la patrie Est du pays, sur fond de pillage de nos ressources naturelles. 

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