Surfacturation des forages : la justice demande à l’Assemblée nationale l'autorisation de lancer une instruction

Dans un réquisitoire datant du 27 avril, et rendu public ce jeudi 16 mai, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, adresse une demande au bureau de l'Assemblée nationale pour obtenir l'autorisation d'instruire à charge du ministre des Finances Nicolas Kazadi et son collègue du Développement rural, François Rubota.

Les deux membres du gouvernement sortant, siégeant actuellement comme députés, sont soupçonnés de détournement de fonds publics. Cette requête fait suite à des soupçons de surfacturation en lien avec un contrat d'installation de forages et de construction de stations de traitement d'eau à travers le pays.

L'accord initial entre le gouvernement congolais et le consortium Stever Construct Cameroun SARL et Sotrad Water prévoyait l'installation de 1000 unités solaires de pompage et de traitement d'eau dans 1000 localités pour un montant de près de 400 millions de dollars sur cinq ans.

"Ayant relevé que le coût retenu dans le contrat pour l’installation des forages était très élevé, Nicolas Kazadi invitera François Rubota, à négocier avec le consortium pour revoir à la baisse ledit coût", détaille Firmin Mvonde.

A la suite des négociations intervenues entre Mike Kasenga et François Rubota, le consortium s’est engagé à augmenter le nombre des stations d’eau de 340 et de porter ainsi le total des unités à installer à 1340 sans diminuer le coût initial du contrat, détaille le réquisitoire.

Bien qu’ayant constaté la surfacturation des forages, Nicolas Kazadi a payé la somme de 71 000 000 USD pour l’installation de 241 stations d’eau, soit 294 605 USD par forage, poursuit Firmin Mvonde.

À ce jour, seules 32 stations d'eau ont été construites et inaugurées selon le parquet général près la Cour de cassation. Le procureur général cherche maintenant à interroger les ministres impliqués pour entendre leur version des faits et demande à l'Assemblée nationale d'autoriser l'ouverture d'une enquête contre ces deux hommes politiques.

Le dossier a attiré l'attention de la justice après qu'un rapport conjoint de l'Observatoire de la dépense publique et de la Ligue congolaise contre la corruption ait soulevé des soupçons de surfacturation dans ce marché public de forages.

Le consortium mis en cause a nié ces accusations, affirmant qu'il livrerait les forages conformément au contrat.

En outre, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a souligné que ce projet avait été lancé sous le gouvernement précédent et a rejeté les accusations de surfacturation. Il a également noté que les paiements qu'il a effectués étaient basés sur des engagements pris par son prédécesseur, José Sele Yalaghuli.

Actuellement, le dossier est entre les mains de la justice qui cherche à clarifier les détails de cette affaire, notamment en localisant les forages d'eau livrés au gouvernement et en déterminant le coût réel de ces infrastructures.

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