Le nombre de cas de poliomyélite est passé de 147 à 41, soit une baisse de 75% entre 2022 et 2023 à travers les 11 zones de santé de la province du Tanganyika.
Le médecin-chef d’antenne et coordonnateur provincial du Programme élargi de vaccination (PEV) au Tanganyika, Dr Jean-Pierre Kitenge Mikenza, a livré ces chiffres, à la veille de la campagne de vaccination de masse tenue du 17 au 20 novembre dans ce coin du pays.
Il a expliqué que sur les 41 cas connus en 2023, 36 cas sont causés par le type 1, et les 5 restants sont du type 2 de polio.
« En analysant les statistiques ces deux dernières années, 2022 et 2023, on se rend compte que la situation est en train de chuter », a fait constater Dr Jean-Pierre Kitenge Mikenza.
Il a attribué cette tendance baissière aux séries de campagnes de vaccination organisées depuis tour à tour en janvier, mars, juin, aout 2023 et novembre courant.
Faible taux de vaccination de routine et ses facteurs
Malgré le progrès enregistré au niveau des chiffres, ce médecin a noté tout de même une faible couverture vaccinale dans la province du Tanganyika. La polio étant essentiellement vaccinale, la résurgence de la variante du type 1 est tributaire à la vaccination de routine.
Cette situation est constatée au niveau des centres ou des aires de santé essentiellement ou il y a des horaires de vaccination.
Donc, cela revient à dire, selon Dr Jean-Pierre Kitenge Mikenza, que le système de vaccination de routine est faible et à cela s’ajoutent les conditions de prédisposition géographique.
La province du Tanganyika est bordée par plusieurs cours d’eau, en commençant le fleuve Congo, à cheval des territoires de Kongolo, de Kabalo et quelque part à Ankoro. Ce facteur rend même l’accessibilité compliquée au niveau des aires de santé.
A côté du fleuve, le lac Tanganyika borde les zones de santé de Kalemie, Nyemba, Kasimba et de Moba.
« Déjà, avec autant de zones bordées par des cours d’eau, l’accessibilité pose un problème. Et cela ne peut que contribuer à la faiblesse du système de vaccination de la province », explique-t-il.
Dr Kitenge s’appuie sur les enquêtes de couverture vaccinale réalisées d’ailleurs en 2021, en 2022. Ces enquêtes révèlent que les couvertures vaccinales étaient très faibles déjà pour l’exercice 2021.
« Globalement on a été a 16 % pour l’exercice 2021 et pour l’exercice 2022, nous avons été a 29,7% de couverture vaccinale globale. L’idéal est qu’on devrait être à 95% », soutient-il.
Des obstacles à la vaccination
A cote des difficultés d’accessibilité, Il y a aussi celles d’ordre géographique, le relief. Le Tanganyika a des montagnes qui souvent compliquent l’accessibilité des soins et particulièrement de la vaccination a la population.
« Outre ces difficultés, il y a un problème de comportement d’autant plus que nous avons des sectes, le refus de la vaccination, il y a ceux-là qui rejettent en bloc le paquet de soins, ils disent que c’est Dieu qui va nous guérir et que Dieu nous interdit ça. A cote de ça, il y a de ceux-là qui fondent leur foi sur la médecine traditionnelle », a expliqué Dr Kitenge.
Mais il reconnait toutefois que maintenant, pour rendre disponibles les intrants au niveau des structures éloignées, la province reçoit l’appui des partenaires DMGF ou Path, qui aident pour le déploiement des vaccins.
Enfin, les grèves successives que connaissent les personnels de santé non-médecins affectent le système vaccinal. Ces agents de santé qui sont démotivés observent un temps mort dans le processus de la couverture vaccinale.
Par rapport aux difficultés comportementales, le seul remède demeure la sensibilisation. Et pour sensibiliser, il faut avoir suffisamment de moyens, souligne le chef d’antenne du PEV.
« C’est pourquoi nous utilisons des relais communautaires comme des volontaires, des bénévoles, qui malheureusement doivent consacrer également leur temps à leurs occupations principales », conclut Dr Jean-Pierre Kitenge.
Le niveau de vaccination
La vaccination ou la couverture vaccinale, dans la province du Tanganyika, à travers les 11 zones de santé, se fait essentiellement de deux manières.
« Il y a ce qu’on appelle la vaccination de routine, réalisée essentiellement par des prestataires des structures, des centres de santé et même des hôpitaux ayant le paquet de vaccination au niveau de leurs structures. Et là, les acteurs ont leurs horaires, leurs chronogrammes donc des activités de vaccination de manière rythmée, ils sont en train de vacciner les enfants cibles par rapport au calendrier vaccinal tel que ça doit être fait au niveau du pays. Ça c’est la première façon de vacciner. La deuxième façon, c’est lorsqu’on a identifié, détecte un cas de polio, alors là on est censé de riposter et c’est pratiquement avec le cas de l’exercice 2023 où nous avons connu autant de ripostes. Mais déjà là, la vaccination de routine accuse un certain nombre de difficultés parce qu’il y a des obstacles… », Dr Jean-Pierre Kitenge.