Près de cinquante personnes ont été tuées depuis le début de ce mois d'avril par des présumés ADF à Beni (Nord-Kivu), a indiqué le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasweka. A cet effet, il plaide pour le renforcement des mesures de sécurité dans cette partie du pays.
En « séjour d’investigation » à Lume, dans le grand Nord, l’élu du Nord-Kivu dénonce une confusion qui prévaut entre la population et les FARDC sur la vraie identité des tueurs.
La population, a-t-il déclaré, parle des ADF ; alors que le commandement militaire fait allusion aux coupeurs des arbres.
« Hier mercredi 19 avril à Miende, 30 Km de Kasindi, 4 véhicules ont été incendiés par des présumés ADF qui ont opéré pendant environs 2 heures à 50 mètres d’une position FARDC. Aujourd’hui, au village Bundikano, ces mêmes présumés ADF, poursuivant leur chemin, viennent de tuer monsieur Benjamin Kamabale, fils de papa Kombi mieux connu dans la région. Dans ces altercations acharnées, la population a réussi à mettre la main sur un présumé assassin mais quelques éléments FARDC du coin sous la conduite du capitaine David basé à Lume n’ont pas tardé à le relâcher disant que c’est l’un d’une de leur unité et pas un présumé ADF », a rapporté le député.
Cette série d'assassinats a commencé dans la nuit du 3 au 4 avril dans la localité de Masambo, « où 11 civils ont été massacrés et où un vaillant capitaine des FARDC au nom de Jordan a été tué dans des conditions rocambolesques. Fidèle à son poste, il a longtemps résisté en défendant la population contre cette nième agression ; cependant, il aurait subi une balle tirée de derrière lui. »
En date du 5 avril, a poursuivi la même source, 6 civils ont été tués à Ngingi (3Km de Masambo) sans la moindre intervention militaire. La série a continué dans plusieurs villages du groupement Basongora (Kizumbura, Muramba, Mbakira, Rugetsi, etc.), « où un rapport de la jeunesse fait état d'un bilan provisoire de 48 corps enterrés et d'autres encore introuvables pour des raisons d’inaccessibilité dans ces milieux. A la même date, la population a mis la main sur deux présumées ADF mais revendiqués comme "simples coupeurs de bois" au service d'un commandant FARDC de la place ».
Jean-Baptiste Muhindo exige des enquêtes de la haute hiérarchie des FARDC et la permutation des unités dans cette partie du pays :
« Aucune enquête n'a été menée jusqu'à ce jour depuis que l'AT (administrateur de territoire) militaire de Beni les a amenés d'abord à Kasindi puis à Oicha. Toute la population rencontrée-là ne réclame que la relève des troupes qui ont fait longtemps dans cette zone et dont le comportement frise une complicité avérée avec les présumés massacreurs et cause une honte indescriptible à toute la nation vis-à-vis de l’opération conjointe avec l’UPDF. »
Il exige donc et en toute urgence des enquêtes de la haute hiérarchie des FARDC pour que rapidement soit identifiée « cette maffia au sein des leurs unités en vue des sanctions idoines ainsi que la relève des troupes qui ont vieilli dans cette zone. »