L’ONG Médecins sans frontières (MSF) alerte, dans un rapport publié jeudi 15 juillet sur le manque de soutien mis à la disposition des personnes ayant survécu à des violences sexuelles en République démocratique du Congo. Face à l’ampleur de ces violences et à leur impact, MSF appelle les autorités congolaises et leurs partenaires à agir au plus vite afin d‘assurer une réponse médicale, socio-économique et juridique à la hauteur des besoins constatés sur le terrain.
Dans ce rapport intitulé Double peine, l’ONG rappelle qu’en 2020, les équipes de MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé, ont pris en charge près de 11 000 victimes de violences sexuelles, soit près de 30 par jour, dans six des 26 provinces de la RDC.
« Les données recueillies par MSF en 2020 dressent un sombre tableau de l’état physique et psychologique des patients pris en charge pour ces violences : infections ; grossesses non désirées ; blessures physiques résultant des violences ; traumatismes psychologiques sévères, notamment chez les personnes mineures, qui représentent un cinquième des patients pris en charge par MSF en 2020 », indique le communiqué de presse publié par MSF.
Selon Juliette Seguin, cheffe de mission de MSF en RDC, « l’ampleur des violences sexuelles en RDC est reconnue et dénoncée par de nombreux acteurs nationaux comme internationaux.
Malheureusement, ces condamnations peinent à être suivies d’actes concrets, que ce soit en termes de prévention, de prise en charge ou de protection des personnes. Là où nous intervenons, nos équipes constatent que les besoins sont très loin d’être couverts. »
Des lacunes de prise en charge Rendu public le jeudi 15 juillet, le rapport Double peine met en lumière les lacunes de la prise en charge de ces personnes: personnel médical pas ou peu formé ; indisponibilité de médicaments et traitements ; soutien socio-économique et juridique aux survivants largement insuffisant …
« Si l’urgence est avant tout médicale, les consultations menées par MSF révèlent toutefois une problématique plus méconnue de ces violences : leur impact économique et social sur les victimes. Suite à leur agression, beaucoup de victimes, par peur de retourner travailler aux champs ou au marché ou rejetées par leur communauté, s’enfoncent alors dans un cycle de pauvreté, mais peu de programmes de soutien économique sont disponibles pour leur venir en aide », fait remarquer MSF.
Le rapport MSF appelle les autorités congolaises, la société civile et leurs partenaires internationaux à redoubler d’efforts pour assurer une prise en charge complète et de bonne qualité des survivants de violences sexuelles médicale, psychologique, socioéconomique et juridique.
Il insiste également sur le fait que ces efforts doivent garantir un meilleur appui à toutes ces personnes, que leur agression ait eu lieu en zone de conflit ou non. En 2020, les équipes de MSF ont pris en charge 4 078 victimes de violences sexuelles dans le Nord-Kivu ; 3 278 dans le Kasaï-Central ; 1 722 dans le Maniema ; 907 dans le Sud-Kivu ; 768 en Ituri et 57 dans le Haut-Katanga.